Espace Camille Darsière
Ce point d’intérêt est disponible en audio dans le circuit: Visiter Fort-de-France, Bienvenue sur l’île aux fleurs
Le bâtiment que vous avez devant vous, face au petit square Victor Schœlcher, est l’ancien palais de justice, construit en 1907, dans un style néoclassique. Il abrite aujourd’hui l’espace Camille Darsière, un lieu multiculturel, partiellement ouvert au public.
Si vous le désirez, vous pouvez entrer dans son beau patio intérieur qui s’anime lors de différentes festivités et principalement lors du carnaval. Le site abrite une galerie d’art contemporain, et des ateliers du Sermac, un pôle d’actions culturel faisant découvrir le théâtre, la danse, ou encore les arts plastiques aux jeunes Martiniquais. Le centre est nommé en l’honneur de Camille Darsière, qui fut député de la Martinique entre 1993 et 2002.
Quant au square, il était auparavant orné d’une statue de Victor Schœlcher, accompagné d’une enfant esclave libérée, qui a été déboulonnée en 2020. Vous vous demandez certainement pourquoi ce personnage historique, connu pour sa lutte contre l’esclavagisme, est devenu une figure controversée de l’histoire coloniale au point de voir ses nombreuses statues vandalisées ?
Victor Schœlcher est sans conteste un fervent militant de l’abolition de l’esclavage. Il est d’ailleurs le rédacteur du décret du 27 avril 1848, qui l’abolit définitivement. Alors que lui reproche-t-on exactement ? Des militants se sont exprimés dans un communiqué, en disant haut et fort : “Schœlcher n’est pas notre sauveur”.
Ils reprochent à l’État, la quantité de louanges et d’hommages dirigés envers cet homme, qui a certes œuvré en faveur de la lutte, mais qui du coup, le place en unique sauveur, et éclipse les principaux intéressés, faisant oublier la participation des esclaves dans leur propre libération. C’est cette invisibilisation de tous les insurgés qui leur pose problème. Ils demandent que soient célébrés d’autres héros, comme l’esclave Romain, emprisonné pour avoir joué du tambour, déclenchant la colère de milliers d’esclaves, rendant l’abolition de plus en plus urgente.
Les détracteurs de Schœlcher, lui en veulent également d’avoir négocié des contreparties financières pour les propriétaires d’esclaves, sans avoir rien prévu en réparation pour les victimes de l’esclavage. Lincoln aux États-Unis n’a, pour sa part, pas dédommagé les esclavagistes. Les historiens expliquent que la situation était tendue et difficile et que pour agir vite, Schœlcher a négocié des traités avec lesquels il n’était pas forcément en accord. Ils disent aussi qu’il a également essayé de plaider pour une indemnité à verser aux esclaves, qui lui a été refusée.
Difficile aujourd’hui de savoir s’il aurait pu négocier l’abolition dans d’autres conditions. Je vous laisse à votre réflexion sur le très controversé débat sur le déboulonnage des statues historiques.
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