Statue de la Délivrance

Vous voyez ici une belle statue de bronze d’une femme nue, brandissant une épée vers le ciel, le visage tourné vers la lumière. Il suffit de la regarder pour ressentir l’explosion de sentiments mêlés qu’ont dû vivre nos ancêtres à la déclaration de l’armistice en 1918. Soulagement, joie, fierté, tristesse, douleur, gâchis.

Cette œuvre du sculpteur français Emile Guillaume, d’abord intitulé la Victoire, a été choisie en 1919, pour être reproduite en 11 exemplaires et remises à 11 villes de France et de Belgique ayant vécu l’occupation allemande. Aristide Briand, ancien ministre des Affaires étrangères et prix Nobel de la Paix, en possède aussi une copie plus petite, aujourd’hui exposée au musée d’histoire de Nantes.
Lorsque Nantes reçoit sa copie, deux courants s’affrontent. Une campagne virulente est menée contre la statue, jugée indécente. 4 mois après son inauguration, un commando mené par la Jeunesse patriote, l’abat. Il faudra attendre 1934, pour qu’elle retrouve sa place, sur un piédestal de 6 mètres de haut, et 100 mètres plus loin que son emplacement d’origine.
Mais les tribulations de la statue de la Délivrance ne s’arrêtent pas là. Elle a bien failli disparaitre à tout jamais, lors de la deuxième occupation allemande. En effet, durant la Seconde Guerre mondiale, les statues en bronze sont réquisitionnées et envoyées à la fonte pour faire de nouvelles armes. La Délivrance quitte Nantes.
Mais en 1950, la statue est retrouvée dans un atelier parisien, saine et sauve. Il ne lui manque que ses bras, et son glaive, que les ateliers de fonderie se dépêchent de rajouter. Elle est alors installée un peu en dehors de la ville, loin du monument aux morts auquel elle était rattachée.
Mais en 2018, à l’occasion du centenaire de l’armistice de la Grande Guerre, la ville de Nantes replace son emblème de la Délivrance au cœur de sa symbolique , et vous, qui la voyez aujourd’hui, connaissez enfin le fin mot de l’histoire.