Vous arrivez à la fameuse Pedra do Sal, la Pierre de sel, au cœur du quartier de la petite Afrique. C’est là qu’est née la samba urbaine et la pedra do sal est lieu fondamental pour comprendre les origines de la musique brésilienne. Alors, revenons quelques siècles en arrière. Sachez déjà que l’esclavage au Brésil, issu du commerce triangulaire, a été légal pendant environ 3 siècles, à partir de l’arrivée des Européens sur le continent en 1500. Pendant ce qu’on appelle le Sugar boom, de 1570 à 1670, les esclaves africains ont connu l’enfer, car il était devenu moins cher pour les propriétaires d’esclaves de les tuer à la tâche, littéralement et d’en racheter des nouveaux plutôt que de leur laisser des jours de repos et de les nourrir correctement. Pour vous dire la gravité de la situation, la couronne elle-même est intervenue par deux fois au cours de cette période pour intimer les propriétaires de plantations à donner à manger à leurs esclaves. On en était là. Mais parfois, des esclaves parvenaient à s’enfuir et à former des communautés secrètes nommées des quilombos. La plus grande, dans l’État de Pernambuco, comptait quand même plus de 20.000 membres ! Au total, des milliers de communautés ont été érigées. Elles ont aujourd’hui acquis des droits sur leurs terres et continuent de les protéger. Depuis 2004, 3212 communautés quilombolas ont été reconnues et en 2019, 230 autres territoires sont en attente de reconnaissance. Pedra do Sal est l’une d’entres-elles. Le site a été reconnu en 1984 par l’INEPAC, l’institut d’État du Patrimoine culturel). C’est un groupe d’esclaves venus de Salvador de Bahia au Nord-Est du Brésil, qui s‘installe en premier dans ce quartier, dont la proximité avec le port s’accompagnait de possibles emplois sur les cargos. Le nom, pierre de sel, vient d’ailleurs du fait qu’ici était le point de débarquement du sel, utilisé pour la fabrication de cuir et de conserves de viande, si précieux qu’on l’utilisait même comme monnaie. Ce lieu historique est également connu pour avoir été un grand marché d’esclaves venus sur les navires négriers. La communauté africaine du quilombo grandissant se retrouvait donc pour faire des offrandes propres à leur religion, mais aussi pour partager des moments de joie, jouer du tambour, danser et chanter. C’est donc ici qu’est née la samba, mais aussi le Candomblé, à ne pas confondre avec le Candombé qui est un style de musique également né des esclaves africains en Uruguay. Le Candomblé est une religion africano-brésilienne pratiquée au Brésil, mais également dans ses pays voisins. C’est un mélange de catholicisme, de rites indigènes et de croyances africaines. Ils croient en une âme de la nature et leurs dieux, les orixas sont tous connectés et chacun est associé à un élément naturel comme l’eau, la forêt, le feu, le vent, etc. C’est aujourd’hui l’une des croyances les plus populaires au Brésil et ses adeptes appartiennent à toutes les classes sociales. Au début du XIXe siècle, la Pedra do Sal devient un point de référence culturel pour la population noire et va avoir un impact important sur tous les aspects de la vie des Cariocas. Aujourd’hui, c’est ici qu’il faut venir pour vivre des rodas, des cercles de samba animés. Les plus connus sont ceux du lundi soir, mais vous pouvez également venir le vendredi. L’événement est gratuit, ici, tout est une question de plaisir. Les musiciens se retrouvent et jouent selon la tradition, improvisant un rythme venu de l’âme et de l’inspiration. Lors d’une roda de samba, le public est lié, il n’y a plus de question de différences sociales, la samba unie les hommes. La samba de roda est inscrite au registre du patrimoine culturel du Brésil et, depuis 2005, sur la liste des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Une tradition populaire à vivre absolument.
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