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Hommage aux résistants de l’esclavage

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Impossible de retracer l’histoire de l’île de la Réunion, sans plonger dans l’une de ses périodes les plus sombres, son exploitation de l’esclavage. Et pour comprendre comment est arrivé l’esclavage à Bourbon, il faut reprendre l’histoire là où on l’avait laissée. Alors, installez-vous confortablement, l’esclavage c’est un gros morceau. Cette colonie avait donc pourtant plutôt bien commencé. Sa distance et son isolement, lui avaient permis d’être traitée, disons différemment par rapport aux autres territoires conquis, tant il était difficile d’y accéder rapidement.

En 1665 est créée la compagnie des Indes par Jean Baptiste Colbert qui envoie 200 colons sur l’île, mais peu de moyens y sont consacrés. Des femmes sont envoyées également, de France, de Madagascar et des Indes Portugaises. En 1668 naît Anne Mousse, considérée comme la Grand-Mère de tous les Réunionnais et première femme à être née sur l’île. En 1674, après une révolte des Malgaches, les Français fuient Madagascar et se réfugient à Bourbon. Puis, en 1712, les Hollandais quittent Mauritius que les Français récupèrent et nomment Isle de France.

Ça, c’est important, parce qu’à partir de maintenant, leurs efforts vont se concentrer sur cette nouvelle île qui a des ports naturels et qui est plus pratique et où les colons ne se sont pas mélangés avec les serviteurs. C’est là que s’installe le nouveau siège du gouverneur. Pendant ce temps-là, à Bourbon, dans cette colonie livrée à elle-même, la population va continuer à se métisser et à vivre ensemble. Mais bon, une colonie aussi lointaine, soit-elle, doit rapporter de l’argent.

Au XVIIIe siècle, la France ne va pas fort dans l’océan Indien, Pondichéry rapporte beaucoup moins au Français, que Madras qui enrichit les Anglais. Du coup, l’attention revient sur La Réunion, et la France décide de rentabiliser Bourbon. On a alors une idée. Comme il n’y a ni mines ni plantes à la valeur marchande, mais qu’on a quand même un super climat tropical, on décide de faire venir des plants de café d’Arabie et de les faire pousser à la Réunion. C’est même obligatoire. Les colons qui refusent se voient retirer leurs terres et la destruction d’un plan de café est passible de la peine de mort. On ne rigole pas avec le café.

À cette époque, l’esclavage est en vigueur depuis plus d’un siècle en Amérique et aux Caraïbes françaises. C’est donc tout naturellement la solution qui apparaît comme la plus logique pour apporter de la main-d’œuvre à ce nouveau projet. Encore une fois, la situation géographique de la Réunion, ne permet pas de faire appel au tristement célèbre commerce triangulaire, on va alors chercher des esclaves un peu partout.

Bourbon, qui vivait auparavant dans la mixité, voit arriver le Code Noir tel qu’il est appliqué dans les pays esclavagistes et la population doit alors être séparée par couleur. Arrive alors le Gouverneur Mahe de la Bourdonnais, qui va se servir de Bourbon comme garde-manger pour nourrir ses troupes d’Isle de France. Il va également créer des routes, des casernes, des hôpitaux, mais aussi durcir l’esclavage en instaurant des milices pour surveiller les esclaves et chasser ceux qui s’enfuyaient dans les montagnes.

À cette époque, le nombre d’esclaves est passé de 6000 à 21000 en 30 ans ! Sur une population de 25000 habitants, c’est juste incroyable. Vous vous doutez bien que les conditions de vie sont inhumaines et insoutenables et que nombreux sont ceux qui sont prêts à risquer leur vie pour la liberté. Des esclaves s’enfuient dans les montagnes de l’île. C’est ce qu’on appelle le marronnage. Les marrons vont atteindre les sommets des cirques, à travers des forêts inextricables et trouver enfin une vie libre, mais cachée.

En 1764, après la guerre de 7 ans qui oppose la France à l’Angleterre dans la domination du monde colonial, la compagnie des Indes fait faillite et c’est le roi de France qui rachète les Mascareignes. Les esclaves sont passés à 45000 et ils sont censés maintenant cultiver les épices, comme le girofle et la muscade. Mais arrive la Révolution. Et avec elle, les droits de l’Homme. Malheureusement, ça ne va pas suffire, et les colons refusent tout net la première abolition de l’esclavage imposée en 1796. L’île invente alors une assemblée coloniale, en mode dictature, pour contrecarrer la République française naissante. C’est une période terrible pour les esclaves et les révoltes sont réprimées de façon aussi spectaculaire que sanglante. En 1799, des mutins sont même attachés à des canons !

En 1801, l’île revient sous la domination de Napoléon. Et lui l’esclavage, il est plutôt pour, du coup il le rétablit. Et c’est là qu’arrive une des époques les plus marquantes de l’Histoire de la Réunion avec deux événements séparés, un ouragan qui va détruire les cultures d’épices de l’île Bonaparte, et l’Indépendance d’Haïti, où la France avait établi une monoculture qui rapportait gros : La canne à sucre. Vous l’avez compris, c’est à la Réunion que l’on va installer ces plantations.

C’est à cette période que va avoir lieu la plus importante révolte d’esclaves, l’insurrection de Saint-Leu. Il se passe encore énormément de choses, mais si je vous raconte tout, on n’est pas rendu. Mais donc en 1848, la Monarchie de juillet est renversée et la IIIe République est proclamée, et ce coup-ci c’est la bonne, l’esclavage est enfin aboli en avril 1848 ! Mais il faudra attendre le 20 décembre pour que le commissaire de la République, Monsieur Sarda Garriga, ne vienne jusque-là pour proclamer la fin définitive de l’esclavage et donc la libération de 62 000 personnes. Mais ces esclaves devaient absolument travailler, sinon c’était délit de vagabondage et direction la prison. Nombreux s’enfuient donc à leur tour dans les montagnes de la Réunion. On considère que 2/3 des esclaves affranchis sont morts sans laisser de descendance. L’histoire des esclaves de Bourbon a longtemps été brimée et le devoir de mémoire est encore jeune.

La statue que vous voyez là est un hommage à Géréon et Jasmin, deux hommes réduits à l’esclavage et décapités lors de leur tentative de révolte à Saint-Leu en 1811. L’homme tient sa tête à bout de bras comme s’il pouvait la resolidariser sur son corps et revenir à la vie pour continuer la lutte. Il nous dit en tout cas qu’il sera toujours vivant et rappelle le combat de milliers d’hommes, qui voulaient simplement la liberté d’exister.

Groupe 19695

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