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Portrait de Gaudi

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Ce point d’intérêt est disponible en audio dans le circuit: Visiter Barcelone, À travers les yeux de Gaudi

Alors, puisqu’on parle tant de lui et que nous avons une longue rue à descendre, je vous propose de faire un petit point sur la vie de Gaudi. Commençons par le commencement.
Notre ami Antoni Gaudi, naît le 25 juin 1852 dans une famille de chaudronniers dont les ancêtres, probablement nommés Gaudy ou Gaudin, avaient immigré du Sud de la France vers la Catalogne deux siècles plus tôt.

On ne sait pas vraiment s’il est né à Réus ou à Riudoms, deux communes limitrophes sur la côte au sud de Barcelone, mais toujours est-il que Gaudi est resté très attaché à sa terre natale méditerranéenne, qui a grandement influencé son architecture.
Il disait que les peuples méditerranéens avaient un sens inné de l’art et du dessin, qu’ils étaient créatifs et originaux contrairement aux peuples nordiques, qu’il décrivait plus comme plus techniques et plus répétitifs.

Le jeune Gaudi a une santé fragile et passe du temps en repos dans sa maison de famille à la campagne où il a tout le temps d’observer la nature qui l’entoure et qu’il reproduira par la suite dans ses œuvres.
À l’âge adulte, Gaudi devient végétarien et grand adepte des théories hygiénistes du docteur Kneipp. Il pratique le jeûne prolongé et mettra même sa vie en danger en 1894 en tombant gravement malade.

Il fait, comme tout le monde, son service militaire, mais ses soucis de santé lui permettent d’être déclaré inapte, et de ne pas partir combattre lors de la Troisième Guerre Carliste. Il peut, à la place, terminer ses études d’architecture. Lors de sa remise de diplôme, le directeur de l’école d’architecture de Barcelone déclara : “Nous avons accordé ce diplôme à un fou ou à un génie. Le temps nous le dira”.
Le temps nous l’a bien évidemment confirmé, Gaudi est un pur génie.

D’abord influencé par l’art oriental, puis par le néo-gothique de Viollet-le-Duc, Gaudi va finalement puiser son inspiration dans la nature et s’affirmer comme le maître incontesté de l’art nouveau et du modernisme catalan. Le truc, c’est que Gaudi sait tout faire. Charpente, ferronnerie, céramique et verrerie. Il crée un langage organique et onirique, sans angle droit, plein de courbes et d’ondulations et d’hommages à la nature.

Il épate la galerie à Paris lors de l’Exposition Universelle de 1878. Mais celui qui va vraiment craquer pour le talent de Gaudi, c’est Eusebi Güell qui va devenir son ami et son plus grand mécène. Gaudi va participer aux principaux projets de la capitale catalane. Sa renommée va même dépasser les frontières de l’Espagne ! Il dessine un gratte-ciel pour la ville de New York, projet complètement différent des autres buildings de l’époque, mais qui malheureusement ne sera pas réalisé.

Les années entre 1910 et 1920 furent très difficiles pour Gaudi. Plusieurs de ses proches décèdent, comme sa nièce et son ami et collaborateur Francesc Berenguer, le chantier de la cathédrale est quasiment à l’arrêt pour cause de crise économique, puis en 1918 meurt également son ami Eusebi Güell. Gaudi se réfugie alors dans son travail et confie à ses collaborateurs : “Mes grands amis sont morts. Je n’ai ni famille, ni client, ni fortune, ni rien. Donc, je peux me livrer entièrement au Temple”.

Et il le fera. Il consacre les 12 dernières années de sa vie au projet qui retient toute son énergie et toute son attention : sa Sagrada Familia. Il ne s’est jamais marié et a voué sa vie à sa profession et à la religion. Le jeune homme aux costumes bien taillés, appréciant l’opéra et les grands restaurants, finira sa vie dans la sobriété, mangeant avec frugalité et portant de vieux vêtements usés. Son aspect était tellement négligé, qu’on le confondait souvent avec un mendiant.
Ce qui fut le cas lorsqu’il se fit renverser par un tramway le 7 juin 1926. Personne ne le reconnaît et les secours tardent à l’emmener à l’hôpital où il meurt 3 jours plus tard, à 73 ans et à l’apogée de sa carrière.

Après sa mort, Gaudi tomba injustement dans l’oubli. Ce n’est qu’à partir des années 50 que son œuvre commença à être revendiquée, par Salvador Dali d’abord, suivi de près par de nombreux artistes et critiques internationaux. Sa reconnaissance est ensuite allée crescendo jusqu’aux années 80, où sept de ses œuvres sont classées “Patrimoine mondial de l’humanité” par l’UNESCO.
De nos jours, il est bien sûr considéré comme l’un des plus grands architectes du monde.

Les pièces de mobilier et d’art décoratif qu’il a réalisées sont assez rares, mais pour vous donner un ordre d’idée, sachez qu’un paravent de la Casa Mila a été vendu en 2007, pour la modique somme de 1.385.000 dollars. Bref, vous l’aurez compris, Gaudi c’est le Einstein de l’architecture. Le génie créateur dont les innovations techniques, complètement folles, ont révolutionné l’architecture. Très pieux et ayant mené une vie d’ascète, sa béatification fut proposée et autorisée par le Vatican dans les années 2000.
À l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance, en 2002, on célébra l’Année internationale Gaudí, avec une multitude d’actes officiels, concerts, spectacles, conférences, publications, etc.

Gaudi est tout, sauf tombé dans l’oubli.

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