Hôtel de Ville de Perpignan

Regardez-moi cette façade rayonnante, bâtie en cayrou, large brique pleine, en pierre marbrière de Baixas et en galets roulés. Plus traditionnel hommage à l’architecture roussillonnaise sur Perpignan, vous ne faites pas.
Mais ces tronçons de bras en bronze, alors, quelle est leur signification ? Voilà une interrogation très pertinente qui nous reconduit aux origines du lieu.

En 1197, Pierre II, roi d’Aragon, signe une charte à travers laquelle Perpignan devient une ville de Consulat, soit la première de l’ensemble catalano-aragonais. En d’autres termes, 5 consuls, en poste durant 1 an minimum, sont missionnés de veiller à la conservation, l’avantage et la sûreté des habitants de la cité.
L’élection de ces représentants revient à la population masculine qui, à cette époque, est divisée en 3 grandes catégories de votants, d’où les 3 “mans” ou “mains” à flanc de façade.

La majeure représente les grands négociants, soit les plus fortunés. La moyenne renvoie aux professions intermédiaires telles que les pareurs de draps, les médecins, les avocats ou encore les apothicaires. Et la mineure, par logique, est destinée aux plus modestes, qui globalement sont tous ceux qui louent leur bras à la journée à l’instar des jardiniers, des ouvriers, des artisans et des agriculteurs.

Pour abriter les réunions des consuls, un édifice est construit dès 1318 sur la place de la Loge. L’équivalent du vestibule de l’actuel Hôtel de Ville. La cour et le bâtiment administratif arriveront, eux, bien plus tard, au XVIe siècle.
Agrandie et rehaussée le siècle suivant, la mairie compte aujourd’hui plusieurs salles sur deux niveaux qui, malgré leur caractère public, ne sont pas intégralement ouverts à la visite.

Mais parmi ceux qui le sont, ne manquez pas de profiter de l’ancienne salle des consuls, plus connue à présent comme la salle des mariages. Elle renferme un magnifique plafond hispano-mauresque, de la fin des années 1500, perdu au milieu d’un décor foisonnant du XIXe siècle, réalisé en prévision d’une visite de l’empereur Napoléon Ier, qui n’aura finalement jamais lieu.
Ou encore, le patio, qui au milieu de ses arcades, expose La Méditerranée, une œuvre d’Aristide Maillol, l’un des plus célèbres sculpteurs français.

De dehors comme de dedans, l’un des plus anciens bâtiments municipaux du pays nous réserve donc de belles choses à contempler !