Le Palais Royal

Vous voilà, au cœur de la cour d’honneur du Palais Royal. C’est vrai qu’elle est plutôt impressionnante. Alors, le palais a beau s’appeler royal aujourd’hui, c’est le cardinal de Richelieu qui en a ordonné la construction en 1633. Ce dernier voulait être à proximité du roi qui vivait alors au palais du Louvre.

Grand amateur d’art, il fait installer deux galeries de peinture, ainsi qu’une salle de théâtre où Molière produira la totalité de son œuvre sous Louis XIV et où Jean-Baptiste Lully jouera ses opéras. À la mort du Cardinal, le palais revient au roi Louis XIII qui décède l’année suivante. C’est alors que sa femme, Anne d’Autriche, devenue régente du royaume, s’y installe avec ses fils. Dit comme ça, ça ne vous parle pas trop, mais ses fils sont le futur Louis XIV et Philippe d’Orléans.

Mais si Louis XIV préfèrera plus tard le château de Vincennes et ensuite Versailles, c’est surtout à cause d’un souvenir terrifiant associé au palais. Il s’agit de la Fronde parlementaire du 5 janvier 1649. Cette nuit-là, une révolte éclate au sein du Parlement qui veut instaurer une monarchie modérée. L’autorité monarchique est en effet au plus haut, renforcé par l’intransigeance et la fermeté de Richelieu. Les forces s’organisent et la famille royale quitte précipitamment leur palais, partant se réfugier à Saint-Germain.

Du coup, comme Louis XIV ne veut pas y habiter, c’est son frère qui s’y installe et le château devient la résidence de la famille d’Orléans. À la mort du Roi-Soleil, c’est son neveu, Philippe d’Orléans qui est désigné régent du royaume de France jusqu’au couronnement de Louis XV, et la vie politique et artistique se déplace vers le palais royal.

On construit des nouveaux espaces et on pense la cour où vous vous trouvez, pour faire des boutiques que l’on pourrait louer à des commerçants. Chaque galerie que vous voyez porte le nom de l’un des fils du duc d’Orléans : Valois, Montpensier, et Beaujolais. En 1786, on installe également une salle de théâtre dont le seul nom évoque aujourd’hui le summum de la renommée théâtrale en France, il s’agit de la prestigieuse Comédie Française.

Quand arrive la Révolution, c’est Louis Philippe d’Orléans qui vit au palais. Et lui, il n’a, mais alors, rien à voir avec son cousin, le roi Louis XVI. Le palais royal affiche clairement ses positions anti Versailles et suit le courant des idées philosophiques des Lumières. Louis Philippe sera même élu député de Paris en 1792, et sera alors connu sous le nom de Philippe Égalité.

Le palais devient alors un lieu clé de la vie publique, où le Tout-Paris se donne fréquemment rendez-vous. Avec le temps, le palais royal verra l’ouverture de la somptueuse galerie d’Orléans, avec plus de 400 boutiques, des théâtres, des restaurants, des galeries d’art, des maisons closes ! Une véritable ville dans la ville.

Mais en 1848, une nouvelle Révolution éclate et le palais est saccagé avant de devenir la propriété de l’État. Il sera même incendié pendant la commune de Paris. Après avoir accueilli plusieurs institutions comme le Conseil constitutionnel, il abrite aujourd’hui le ministère des Affaires culturelles.

Les colonnes rayées noir et blanches que vous avez certainement prises en photo, sont surnommées les colonnes de Buren. Cette œuvre d’art, réalisée en 1998 par Daniel Buren, est devenue un véritable symbole pour le palais royal et une visite phare lors de votre séjour parisien.