Molière et Jean de La Fontaine

Devant vous, vous avez maintenant deux immenses noms de la littérature française. Si l’on vous dit : « le corbeau et le renard », que cela peut-il bien évoquer en vous ? Le nom de Jean de la Fontaine vient doucement effleurer votre esprit. Il faut dire que parmi les poètes les plus célèbres de ce monde, celui-ci est très souvent en tête de liste. De grande renommée, cet homme de lettres ayant fortement marqué de son empreinte écrite le 17ème siècle, s’en est allé un soir de 1695, à l’âge de 73 ans.

Malgré une santé des plus fragiles, qui le poussa régulièrement à prendre quelques petites retraites, l’écrivain réalisa de très nombreuses œuvres, tout en illustrant à la perfection sa grande maîtrise de la langue française, à travers les vers de ses différentes fables. Ces dernières, très célèbres, mettent en avant des animaux doués de paroles, et dépeignent certains comportements humains, avec pour but de laisser entendre une morale. Je me sers des animaux pour instruire les hommes, disait-il. En plus de ses fables, on ajoute tous les contes, autres poèmes, épitres et discours qui ont rendu Jean de la Fontaine célèbre. Il publie ainsi à la fois son célèbre recueil de fables, mais aussi un très admiré recueil de Contes et Nouvelles en vers, moins connu, mais tout aussi prestigieux.

Vers la fin de sa vie, il réalisa sans doute son rêve le plus ultime. Celui d’être élu à l’Académie, au fauteuil de Colbert. Au cours de sa vie, il se lia d’amitié avec d’autres personnages célèbres dont le nom fera aussi écho à votre esprit, et ravira en vous votre sensibilité artistique : Racine, Boileau, et bien évidemment, Molière. Vous voyez où je veux en venir.

Il se trouve juste à côté. Si la langue française est aussi à la fois intrigante et complexe à apprendre pour les étrangers, ce n’est pas pour rien. Celle que l’on nomme « la langue de Molière » s’est vue fortement influencée par les différentes œuvres théâtrales de l’auteur lui-même. Il faut dire aussi qu’au 17ème siècle, la langue française était loin d’être aussi riche qu’aujourd’hui, et était en pleine évolution. C’est là que Molière dont les écrits furent nourris par diverses autres langues, qui ont elles aussi influencé la langue française, comme le grec et le latin, contribua à structurer notre langage.

Lorsque l’on évoque l’enrichissement vocabulaire qu’a apporté Molière à la France, on ne peut omettre de parler des mots nouveaux qu’il a instaurés : par exemple le terme « tartuffe », qui désigne quelqu’un d’hypocrite. Connu pour mêler le langage soutenu et familier, ses dialogues étaient vifs et le public était très souvent surpris de la tournure des événements lorsqu’il se rendait voir l’une des pièces pour la première fois.

Même si nous savons que la grande majorité d’entre vous connaît au moins une pièce de théâtre de Molière, d’autres en revanche ne savent pas que certains des personnages de ses plus célèbres pièces sont en fait des clichés, voire des archétypes de la société française. Le premier exemple qui nous vient directement à l’esprit est le personnage de Monsieur Jourdain, tiré du Bourgeois gentilhomme. Le personnage en lui-même est une excellente satire sociale, se moquant à la fois ouvertement et subtilement de ces personnes, voulant à tout prix devenir noble et essayant tant bien que mal d’adopter un registre lexical issu de la noblesse. Mais cela de façon plutôt maladroite.

Ainsi, à chaque intervention de Monsieur Jourdain dans chaque scène de la pièce, le public se prête alors à des séances de rires, en sachant tout à fait qu’une part de vérité se cache derrière ce spectacle mettant en avant des situations comiques. Entre quiproquos hilarants, hyperbole menant à des scènes d’exagération grotesques, et même les jeux de mots, les monologues de Molière, surtout dans la pièce du « Misanthrope », sont encore étudiés à l’école pour explorer en profondeur la langue française. Avis à tous les amoureux de la littérature, avec ces deux génies, vous êtes servis.