Maison natale d’Albert Londres

Vous êtes quelque peu surpris à la vue de cette étrange demeure ? Surtout, ne le soyez pas trop, car dans la vieille ville de Vichy et plus encore, les folles architectures ne manquent pas. Cette maison d’angle, bâtie dans les années 1830, est en réalité l’un des monuments emblématiques de la destination auvergnate. Certes, son style gothique singulier, avec ses deux tourelles insolites et ses murs en briquette, la rend reconnaissable entre mille. Mais croyez-nous, s’arrêter uniquement sur son apparence serait vraiment dommage !

Érigée à la demande du juge d’instruction de Cusset, cette bâtisse a la chance d’avoir vu naître un Vichyssois pas comme les autres en 1884. À savoir Albert Londres. Si ce nom ne vous dit pas grand-chose, alors un petit point rappel s’impose. Journaliste engagé et auteur de plusieurs textes éminents sur bien des sujets, comme notamment les droits de l’homme, Monsieur Londres est l’un des plus célèbres reporters français du XIXe siècle.

Lui qui se destinait à devenir poète, va tomber en amour pour les grands reportages. Il couvre les dégâts et les combats de la Première Guerre mondiale, le communisme russe, le bagne des prisonniers dans les camps de Guyane, la dureté de l’épreuve du Tour de France ou encore la prostitution de jeunes Françaises emmenées de force en Argentine. En dénonçant ouvertement les injustices, quitte à déplaire aux plus grands, Albert Londres choque les sociétés ou plutôt la société. Il disait : “le métier de journaliste n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie”.

En 1932, sur le retour d’un reportage en Chine, le paquebot sur lequel il voyage est victime d’un incendie à la suite d’un court-circuit. Si la majorité des passagers sont secourus, Albert Londres, lui, meurt dans l’accident. Sa fille et trois de ses plus chers compagnons créent un prix en son honneur la même année. Ce prestigieux sésame, encore d’actualité, récompense tous les ans le meilleur des “Grands Reporters” francophones.

Au cours de son existence, Londres reviendra plus d’une fois dans cette bâtisse pour rendre visite à ses grands-parents qui en sont les propriétaires. Menacé de disparaître et laissé à l’abandon durant une trentaine d’années, son lieu de naissance est racheté in extremis par l’association “Maison Albert Londres” en 2014. Et depuis 2017, cette dernière s’engage à le restaurer de fond en comble, pour faire honneur à la vie et à la carrière d’Albert Londres, encore affectueusement surnommé : le “père du journalisme d’investigation”.