Palazzo Carignano

Il est très classe, et en impose sérieusement, voici le Palais Carignan.
S’il est si beau c’est parce qu’il a été la résidence des princes de Carignan, descendance de la maison royale de Savoie. Et en plus, c’est là qu’est né Victor Emmanuel II, le premier roi d’Italie et considéré comme l’un des pères de la patrie !
Ce château a été commandé en 1679 par, attention ne vous mélangez pas les pinceaux, il s’appelle comme son arrière-grand-père : Emmanuel Philibert de Savoie. L’arrière grand-père en question, vous avez vu sa statue sur la place San Carlos, on le surnomme tête de fer. C’est lui qui a déménagé la capitale du royaume de Savoie de Chambéry à Turin. Pour nous simplifier la vie, le prince actuel de Savoie, s’appelle aussi Emmanuel Philibert 🙂 Ça va bien se passer. Donc en gros, l’arrière-petit-fils du premier duc de Savoie installé à Turin fait construire ce palais et y naîtra son fils, le premier roi d’Italie !
L’architecte s’inspire des plans que le Bernin avait soumis pour la construction du palais du Louvre. Vous ne le savez peut-être pas, mais Bernini, reconnu de son vivant comme étant un virtuose de l’art, de la sculpture et de l’architecture italienne, avait participé au concours d’architecture du Musée du Louvre. Mais la France étant dans une période de recherche de style plus national, il ne sera pas retenu. Ses dessins ne seront donc pas perdus puisqu’ils ont inspiré notre ami Guarino Guarini, c’est le nom de l’architecte, dans la construction de ce palais. C’est donc un lieu historique pour la maison de Savoie, mais également pour la réunification italienne, car c’est ici que s’est installé le siège du premier parlement subalpin, ainsi que le premier parlement italien.
Petit rembobinage historique sur l’unification de l’Italie.
Vous savez que l’Italie était, il n’y a encore pas si longtemps, divisée en plusieurs royaumes indépendants. Lorsque Victor Emmanuel II devient roi de Piémont-Sardaigne, il nomme Cavour comme Premier ministre. Cavour rêve d’une Italie unifiée sous le royaume du Piémont, et il sait que ça ne pourra être fait qu’avec l’aide de la France. Il rencontre donc secrètement Napoléon III avec qui il se met d’accord sur une réorganisation de l’Italie. Napoléon lui promet le soutien de l’armée française, notamment en cas de guerre avec l’Autriche qui occupe la Lombardie, en échange des territoires savoyards, les actuelles régions Savoie/Haute-Savoie et la ville de Nice. Lorsque l’Autriche entre en guerre contre le Piémont, la France débarque à la rescousse, repousse les Autrichiens et le Piémont-Sardaigne s’agrandit en Lombardie. Les annexions vont se poursuivre, spécialement avec l’aide d’un autre héros de l’unification : Le fameux Garibaldi, qui va récupérer le royaume de Naples. En 1861, les députés venus de toute l’Italie, sauf Rome et Venise, se réunissent à Turin et décident la création du royaume d’Italie avec Victor Emmanuel II à sa tête. Vient ensuite toute une magouille pour récupérer la Venicie.
Ne reste que Rome et les États Pontificaux. Le 20 septembre 1870, les Italiens s’emparent de Rome et les habitants votent pour leur rattachement au royaume de l’Italie. En 71, Victor Emmanuel y déménage et ça y est, tout est comme on le connaît aujourd’hui ! Rome est la capitale de l’Italie et le Pape reste au Vatican. Bon, là, il y a encore quelques petits problèmes à résoudre et il faudra attendre les accords du Latran en 1929 pour mettre fin à la fameuse question romaine.
Et voilà, c’est donc dans ce magnifique palais qui se dresse devant vous, qu’a été proclamée la naissance du royaume d’Italie. C’est donc bien naturel qu’il abrite aujourd’hui le musée national de la Réunification italienne.