Iglesia de la Compañia de Jesus

Vous arrivez maintenant devant celle qui est sans doute l’église la plus importante de Quito, celle de la compagnie de Jésus. C’est l’église des superlatifs. Au fil du temps, on l’a surnommée “Le temple de Salomon d’Amérique du Sud”, “la braise d’or”, et l’ambassadeur d’Espagne en Équateur l’a décrit comme “le meilleur temple Jésuite du monde”. C’est l’une des plus grandes attractions touristiques de la ville et fait partie des plus grands trésors de son patrimoine. Sa façade, entièrement sculptée dans la roche volcanique, est considérée comme le meilleur exemple de l’architecture baroque d’Amérique et son intérieur est entièrement recouvert de feuilles d’or. Je ne vous étonnerai donc pas en vous disant qu’il s’agit de l’une des églises les plus riches d’Amérique latine. Le pape Jean-Paul II y a présidé une messe en 1985 et le pape François a prié devant la vierge “Dolorosa” en 2015. Vous avez saisi l’idée, vous êtes devant une visite incontournable de la ville. Alors, malheureusement l’entrée est payante, mais si vous avez déjà voulu savoir ce que ça faisait d’être entouré d’or, c’est maintenant ou jamais ! De fines feuilles de 23 carats recouvrent chaque centimètre carré de l’église, littéralement du sol au plafond ! On estime que cela représente environ 1 tonne d’or massif ! Les familles indigènes apportaient des pépites, en paiement pour que leurs enfants puissent plus tard faire partie de l’université que les Jésuites construisaient simultanément à côté de l’église. La construction de ce grand complexe religieux dura 170 ans, de 1605 à 1775. En presque deux siècles, la mode évolue forcément ! Donc côté architecture, même si le baroque prédomine, on retrouve des éléments de 4 genres différents, surtout à l’intérieur. Mini cours d’architecture pour ceux que ça intéresse ! Vous avez donc le baroque reconnaissable dans sa façade inspirée de l’église du Gésu à Rome, le mudéjar et le mauresque, apportés par les Espagnols fortement influencés par leur ancienne domination arabe, le churrigueresque, qui derrière son nom bizarre représente simplement un style de baroque dit exubérant avec une abondance ornementale extravagante et enfin le style néoclassique que vous connaissez déjà. Si vous décidez de visiter l’église de la compagnie de Jésus, vous ne serez pas spécialement surpris par des dimensions hors du commun, mais bien par la richesse de sa décoration. On raconte que le roi d’Espagne Felipe V, inquiet devant le coût des travaux, se serait penché depuis son balcon à l’Escorial de Madrid en disant que si la construction de ce temple coûtait si cher, alors il devait être monumental et devrait se voir depuis chez lui ! À l’intérieur, il y a énormément de choses à voir. Mention spéciale pour le retable principal, œuvre de l’artiste quiteño Bernardo de Legarda, la chaire, dans laquelle sont sculptés entre autres, 250 visages et qui fonctionne comme une caisse de résonance permettant au prêtre d’être entendu dans toute l’église, l’orgue magnifique, les toiles du jugement dernier et du tableau de l’Enfer, ainsi que les 14 peintures à l’huile représentant Jésus, Marie et les douze apôtres. Vous verrez également une chapelle dédiée à San Ignacio de Loyola, le fondateur de l’ordre Jésuite, et, sur l’autel, les reliques de Mariana de Jésus, la toute première sainte équatorienne. Après l’expulsion des Jésuites hors de l’Empire en 1767, de nombreux trésors sont vendus aux enchères ou partent pour l’Espagne. Ils sont aujourd’hui pour la plupart, bien au chaud dans les musées. Mais il en reste un, et pas des moindres ! C’est le fameux tableau de la Vierge Dolorosa qui cligna des yeux devant les 35 enfants qui dinaient dans le réfectoire où il était accroché. Fait constaté également par les professeurs, puis par toute une panoplie d’experts en tout genre. L’autorité ecclésiastique de l’époque déclara finalement le fait comme étant “vrai” et ne s’expliquant pas, autorisant depuis sa vénération.