Maison des Apothicaires

Arrivés sur la place du change, vous pouvez admirer l’un des rares vestiges du Moyen-Âge présent à Nantes. Contrairement à d’autres villes de Bretagne, comme Rennes ou Vannes, vous avez remarqué que la ville ne comptait que très peu de maisons à pans de bois.
Beaucoup d’entre elles ont été détruites lors de grandes catastrophes, comme le grand incendie du quartier du Bouffay en 1718, l’explosion d’une tour du Château en 1800, ou encore par les lourds bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
Mais cela vient également d’un choix assumé de la ville, au XVIe siècle. Il faut savoir que devant la recrudescence des incendies qui ravagent des quartiers entiers, ce type de construction finira par être interdit, mais il faudra pour cela attendre la fin du XVIIe siècle. Nantes, en avance sur son temps, choisit la pierre, par sécurité d’abord, mais aussi pour rendre son apparence plus éclatante en choisissant de se débarrasser des maisons à colombages.
Selon la légende, le maire de l’époque aurait dit aux Nantais de garder le bois pour la construction des navires, qui faisaient la richesse de la ville à l’époque.

Vous comprenez à présent mieux pourquoi la magnifique maison à colombage que vous observez ici est si rare. Souvent considérée comme la plus belle de la ville, elle est classée monument historique depuis 1922.
Connue sous le nom de maison des apothicaires, elle n’a en réalité jamais abrité de pharmacie, du moins pas depuis 6 siècles, date à laquelle on en retrouve les premières traces.
Depuis 1426, les archives municipales ont démontré la présence d’un peintre, d’un notaire, d’un prêtre, d’un avocat du parlement de Bretagne, puis d’une mercerie, avant d’être occupée par le syndicat d’initiative de la ville, et aujourd’hui par un café associatif et la maison de la poésie.
Son nom viendrait plutôt des activités présentes sur la place, où l’on retrouvait des commerces utiles aux apothicaires, qui venaient y dénicher les ingrédients nécessaires à la concoction de leurs médecines.

Au Moyen-Âge c’était également ici qu’étaient installés les changeurs de monnaie, d’où le nom actuel de la place. À l’époque, chaque région pouvait avoir sa propre monnaie et il était indispensable d’avoir des bureaux de change qui pouvaient calculer officiellement la quantité d’or d’argent ou d’étain présente dans chaque pièce, pour en évaluer la valeur et l’échanger avec la monnaie correspondante, nécessaire à la transaction.

Voilà comment le nom d’une place et d’une maison peuvent nous en dire long sur l’histoire d’un lieu.
Empruntez à présent la charmante et animée rue des Carmes, pour rejoindre notre prochain lieu d’intérêt.