Histoire d’Amiens

Vous marchez à présent dans la rue des Otages. Le temps de rejoindre le prochain point d’intérêt, laissez-moi vous raconter la riche histoire de la ville. Vous avancez d’ailleurs ici dans une rue qui existait déjà à l’époque romaine, puisqu’elle faisait partie de la via Agrippa, une voie construite au Ier siècle av. J.-C. pour relier Amiens à Lyon. Mais les Hommes ont occupé la région depuis bien plus longtemps que ça, puisque les premières traces d’occupation humaine ici datent d’il y a plus de 500 000 ans. Au IIIe siècle av. J.-C., c’est le peuple gaulois appelé les Ambiens qui s’établissent sur le territoire. Après le passage de Jules César, la cité devient romaine et est nommée Samarobriva. Elle fait partie des toutes premières villes fondées par les Romains en Gaule. Au IIIe siècle de notre ère, la ville est menacée par les nombreuses invasions barbares qui ont lieu, notamment des Francs. Les Romains décident alors de l’entourer d’une enceinte pour la protéger. Au même siècle débute l’évangélisation des Gaules, un processus pendant lequel des missionnaires chrétiens venant de Rome ou d’autres provinces étaient envoyés dans les villes et convertissaient la population au christianisme. À Amiens, c’est Saint Firmin qui a évangélisé une partie de la population, mais les Romains, qui sont païens, ne tolèrent pas ses actes, et le décapitent. Au Ve siècle, la chute de l’Empire romain précipite le départ des troupes, qui laissent alors la cité aux mains des Francs. Celle qui s’appelait alors Samarobriva devint Ambianorum, du nom de l’ancien peuple gaulois, les Ambiens. A partir de là, et jusqu’au XIIIe siècle, s’ensuit une grande période d’instabilité, marquée par les invasions des Vikings, celles des Normands, puis par la mise en place du système féodal, pendant lequel le roi perd son pouvoir au profit des seigneurs et des comtes locaux. Au XIIe siècle, la ville connaît un grand essor dans l’industrie textile, et notamment dans la production de drap : elle devient l’une des plus importantes villes drapantes de France. La teinture des draps est effectuée grâce à une plante locale, appelée la guède, ou waide en picard. Surnommée le Pastel des teinturiers, cette plante était massivement produite dans la région et permettait d’obtenir une teinture de couleur bleue, appelée d’ailleurs le Bleu d’Amiens, qui a fait la réputation de la ville. Amiens connut une grande période de prospérité grâce à cela. C’est à ce moment-là qu’a d’ailleurs débuté la construction de sa cathédrale. Mais le XIIe siècle, c’est aussi le moment où Amiens se bat pour son indépendance, contre le comte. Elle finit par obtenir, avec l’appui du roi, des libertés communales qui lui permettent une grande autonomie, et la construction de son beffroi. Tout en continuant sa production textile, la ville est marquée par divers événements au cours des siècles suivants : la guerre de Cent Ans, les guerres de religion, celle de Trente ans, ou encore la peste et la disette. Sa position stratégique lui a valu d’être longtemps convoitée par les puissances voisines. Ses fortifications seront alors plusieurs fois renforcées et elle se voit même dotée d’une citadelle encore visible aujourd’hui. Au XIXe siècle, face à sa paix retrouvée, de nouveaux bâtiments sont construits, des places sont aménagées et des rues sont dégagées pour en faire une ville élégante et aérée. C’était sans compter sur les trois guerres qui suivront, la guerre franco-prussienne, la Première et la Seconde Guerre mondiale, qui vont détruire un grand nombre de ses bâtiments, et obliger la ville à des reconstructions massives. C’est d’ailleurs pour cela que l’on trouve à Amiens, et dans la Somme en général, de nombreux monuments et mémoriaux qui rendent hommage aux combattants. Aujourd’hui, Amiens a heureusement retrouvé toute sa splendeur, et garde les traces de son riche passé tout en se modernisant. Considérée comme l’une des villes les plus vertes de France, elle est animée par de nombreux événements culturels, et concentre l’ambiance festive et l’alléchante gastronomie des villes du Nord ! On comprend ainsi pourquoi elle attire pas moins de 30 000 étudiants, et a même reçu le titre de Capitale européenne de la jeunesse en 2020 ! Allez, continuons notre chemin pour découvrir tout ça.