La basilique de la Vierge des Désemparés

Vous arrivez maintenant sur une nouvelle place, depuis laquelle on peut encore apprécier un peu la belle architecture de la cathédrale, sur votre droite. Devant vous, on voit ici également un beau bâtiment rose. C’est un véritable sanctuaire baroque dédié à la sainte patronne de la ville, la vierge des Désemparés. Avec un nom pareil, on se doute que ce bâtiment doit avoir une histoire bien particulière, n’est-ce pas ? C’est ce que nous allons vous raconter.

Il fait partie des édifices religieux les plus importants de Valencia, et ce depuis le XVIIe siècle. Ce sont les autorités religieuses de l’Église catholique, qui confèrent ce titre à l’édifice au cours de l’année 1885, et c’est 38 ans plus tard, soit en 1923, que la Vierge des Désemparés fut canonisée en présence des Rois d’Espagne. Cela vous donne déjà une idée bien précise de l’importance du lieu dans la ville.

Mais revenons encore plus loin dans l’histoire pour comprendre d’où vient son nom. Il est dit qu’en 1407, le père Juan Gilabert Jofré fut témoin d’une agression violente. Pendant que celui-ci se rendait vers la cathédrale de Valence, il tomba nez à nez avec un groupe de jeunes, qui s’en prenait violemment à une personne atteinte de démence. A cette époque, on disait de ces personnes qu’elles étaient possédées par le diable. Après avoir protégé le pauvre homme, le prêtre donna un discours poignant dans la cathédrale, portant sur “la persécution irrationnelle et cruelle contre les plus innocents, les victimes sans défense et irresponsables”. À la fin de son discours, il évoqua aussi l’idée de bâtir un endroit sûr, pour aider les plus démunis à s’y réfugier. L’information arrivant jusqu’aux oreilles de plusieurs commerçants et artisans, ceux-ci fournirent les fonds pour construire un hospice ici, qui accueillait alors les malades, mais aussi les orphelins et les personnes abandonnées. C’est ainsi que commence le culte de la Vierge des Désemparés, protectrice des plus vulnérables, puis sainte patronne de la ville de Valencia. Les désemparés étant toutes ces personnes réfugiées dans l’hospice. Elle est d’ailleurs célébrée tous les ans au mois de mai, lors d’impressionnantes processions lui rendant hommage.

Mais revenons à la basilique qui se trouve devant vous. Elle a été édifiée à partir de 1652 à la place de l’hospice, par Diego Martinez Ponce de Urrana. Toujours dédiée à la sainte patronne de la ville, elle comporte plusieurs particularités : la première, c’est qu’elle n’a pas été bâtie sur l’emplacement d’une précédente église paroissiale ou d’un ancien couvent, ce qui est plutôt rare pour un édifice religieux. La deuxième, c’est qu’elle arbore une coupole qui, au lieu d’être placée au centre comme dans la manière habituelle, est orientée vers la cathédrale voisine. Il faut s’éloigner un peu et se mettre bien au milieu de la façade pour s’en rendre compte.

Elle affiche en tout cas un très beau style baroque, auquel ont été ajoutés certains éléments Renaissance, qui lui donnent tout son charme. À l’intérieur, les fresques d’Antonio Palomino, célèbre peintre baroque espagnol, attirent autant l’attention que la chapelle latérale consacrée à l’image de la Vierge, accessible par un escalier.

Comme pour les autres monuments de la ville, je vous invite à y entrer pour découvrir tout cela. Vous ferez ainsi connaissance avec la sainte patronne, affectueusement surnommée ici la Geperudeta, la petite bossue en français, qui tient ce surnom de sa posture, la tête légèrement penchée vers l’avant, prête à aider les plus démunis. Un vrai symbole !