Histoire de la Martinique
Ce point d’intérêt est disponible en audio dans le circuit: Visiter Fort-de-France, Bienvenue sur l’île aux fleurs
Les différents points d’intérêt que vous avez découverts lors de cette visite audioguidée, vous ont éclairé sur certaines parties de l’histoire de la Martinique. La fondation de la ville autour du fort, son importance stratégique militaire, le rôle des Martiniquais dans les différentes guerres, et les personnages politiques clés de son histoire.
Mais comment tout cela a-t-il commencé ? Faisons une petite parenthèse historique pour revenir au début de l’histoire de la Martinique. Installez-vous confortablement sur l’un des bancs de la rue, car raconter une telle histoire, ça prend du temps.
Avant l’arrivée des Européens, l’île était habitée par le peuple autochtone Arawak, probablement arrivé là depuis la région du delta de l’Orénoque, soit l’actuel Venezuela, il y a plus de 2000 ans. Ils s’installent autour de la montagne Pelée, profitant de la fertilité de cette zone volcanique. Ils vivent de la pêche et de l’agriculture. Vous pouvez découvrir leurs poteries et céramiques très décorées, au musée d’archéologie précolombienne et de préhistoire de Martinique que vous venez de passer.
Environ un millénaire plus tard, un autre peuple débarque sur l’île. Eux, on va les appeler tout simplement les Caraïbes, et les historiens vont longtemps colporter la vision des premiers chroniqueurs de l’île, à savoir les colons religieux, qui dépeignaient deux peuples opposés, l’un pacifiste et l’autre cannibale, qui chassa et dévora le premier.
Les progrès de l’archéologie, de l’anthropologie et de la linguistique, démentent à présent cette théorie et en amènent une autre, selon laquelle les religieux européens auraient inventé ces actes sauvages et barbares pour justifier la future extermination des peuples autochtones.
Vous entendrez généralement que c’est Christophe Colomb qui accosta en premier en Martinique en 1502, mais l’île était déjà présente sur la carte établie par Juan de la Cosa en 1500, suite au voyage d’un autre navigateur espagnol du nom d’Alonso de Ojeda. À cette époque, ils nomment l’endroit l’île aux Iguanes.
On dit que le nom actuel de la Martinique est une déformation de Matinino qui viendrait soit du nom indien signifiant l’île aux fleurs, soit de petite Saint-Martin en espagnol. L’Histoire de la Martinique s’inscrit dans la tourmente de la découverte du Nouveau Monde et de la course aux richesses dont il recèle.
Rappelez-vous qu’au départ, seuls les Espagnols et les Portugais se partagent le gâteau, protégés par la bulle papale du traité de Tordesilla qui coupe le monde en deux. Exclus du partage, Français, Anglais et Hollandais voient d’un mauvais œil les caisses des Royaumes ennemis se gorger d’or, d’épices, de sucre, de bois précieux et de café.
Des flibustiers commencent à partir à l’assaut de l’Atlantique pour attaquer les navires espagnols et piller des colonies d’Amérique. À partir de 1550, le roi se lance dans la conquête terrestre et cherche à s’implanter dans les Antilles, pour créer des positions de repli fortifiées. Les Anglais et les Hollandais continuent la bataille et à la fin du XVIe siècle, l’Espagne a perdu son monopole sur les Amériques.
En 1635, Belain d’Esnambuc débarque sur la côte ouest de la Martinique avec une centaine d’hommes. Il est envoyé par le cardinal Richelieu qui veut non seulement rivaliser avec l’Espagne, mais aussi enrichir la France, ruinée par les guerres de religion. Les peuples caraïbes présents sur l’île ne vont pas faire le poids contre les Français armés et entraînés. Les Indiens sont d’abord repoussés vers la presqu’île de la Caravelle avant d’être exterminés. Les quelques survivants finiront par se fondre entre les esclaves et les colons.
La Guadeloupe est également occupée. Les deux îles sont exploitées par une compagnie privée ayant reçu du roi des privilèges fiscaux en échange de la colonisation. La compagnie des îles d’Amérique comprend vite que le succès de l’exploitation de l’île passera par la canne à sucre, une denrée très recherchée en Europe et que la France achète habituellement aux pays musulmans.
Le problème, c’est qu’il faut des bras et que le sucre demande beaucoup de travail. La compagnie fait alors venir des esclaves, d’abord achetés à des trafiquants anglais et hollandais. Mais les conditions de vie sont extrêmement dures et les hommes meurent rapidement. Le royaume de France autorise alors une traite d’êtres humains entre les côtes africaines et martiniquaises.
C’est le début du tristement célèbre commerce triangulaire. Les navires font la navette et en moins d’un siècle, plus de 100000 Africains de l’ouest sont déportés vers la Martinique. Les plantations, aussi connues sous le nom d’habitations, sont confiées à des aristocrates ayant des envies d’aventure.
En 1664, Louis XIV confie la gestion des Antilles à une nouvelle entreprise privée : la Compagnie des Indes orientales. C’est à ce moment-là qu’il rédige le fameux “Code Noir”, pour établir des règles entre colons et esclaves. Ces derniers succombent rapidement aux mauvais traitements et au manque de nourriture. Les planteurs, eux, s’enrichissent et la Martinique devient l’une des possessions les plus précieuses de la France, ce qui explique que les Anglais ont essayé de lui piquer si souvent !
On estime que sous Louis XIV, environ 400000 personnes vivent en France grâce à la traite des noirs et du commerce fructueux avec les Antilles. Le quotidien de l’île est teinté de révoltes d’esclaves, de guerres avec les autres grandes puissances européennes et de disputes entre colons.
En 1848, l’esclavage est finalement aboli, et l’Europe découvre qu’elle peut tirer du sucre à partir de la betterave. Les planteurs tentent de faire venir des travailleurs libres, venus d’Inde ou d’Asie, mais beaucoup font faillite. De nombreuses habitations se reconvertissent et se tournent vers un marché beaucoup plus rentable : le rhum. Au XXe siècle, la Martinique devient le premier exportateur de rhum du monde.
Mais la transition vers la liberté ne se fait pas du jour au lendemain et ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, autrefois réduits au travail forcé, doivent se réinventer, reconstruire leur identité et faire face aux discriminations. Aujourd’hui, la période de l’esclavage en Martinique est profondément commémorée et largement enseignée, pour sensibiliser les nouvelles générations au sort de leurs aînés.
L’abolition de l’esclavage joue un grand rôle dans le métissage actuel de la Martinique, puisqu’elle entraîna de grandes vagues d’immigration, pour pallier le manque de main-d’œuvre. Différentes communautés venues d’Inde, de Chine, de Syrie ou des Caraïbes, ont rejoint les côtes de l’île aux fleurs, apportant avec eux leurs richesses, leurs coutumes et leurs saveurs, offrant à la Martinique la complexité culturelle qu’on lui connaît aujourd’hui. Voilà pour la longue parenthèse historique.
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