Télécharger l'application 200 circuits audioguidés

Théâtre Aimé Césaire

11 theatre aime cesaire poi grand

Ce point d’intérêt est disponible en audio dans le circuit: Visiter Fort-de-France, Bienvenue sur l’île aux fleurs

Ce beau bâtiment en pierre de style néoclassique, est l’ancien hôtel de ville de Fort-de-France. Il a été construit en 1884, sur le site d’un ancien hospice, pour remplacer la maison commune de 1848.

Au XIXe siècle, ses institutions avaient plusieurs fonctions : sociales, politiques et administratives, et ont été peu à peu remplacées par des structures plus modernes, comme celle que vous avez sous les yeux à présent. L’ancienne mairie est un très bel exemple de l’architecture typique antillaise, avec cette omniprésence de bois, la frise dentelée sur la toiture et son horloge à quatre faces.

Voyez le balcon en fer forgé. C’est ici que se tenait Antoine Siger, alors maire de Fort-de-France, lorsqu’il a été assassiné en 1908, d’un coup de feu tiré depuis la foule. Il était membre d’un parti radical de gauche et contesté par une partie de la population. Son meurtrier n’a jamais été identifié.

Dès 1912, un théâtre est bâti en annexe de la mairie, offrant une grande salle à l’italienne, pouvant accueillir jusqu’à 800 spectateurs. C’est en 1970 que l’on décide de construire un nouvel hôtel de ville, plus grand, sur le boulevard du Général de Gaulle. Aimé Césaire, maire de Fort-de-France de 1945 à 2001, y conserve néanmoins son bureau, même après son mandat, lorsqu’il reçoit le titre honorifique de maire honoraire, un hommage attribué en guise de gratitude et d’appréciation.

Un an après le décès d’Aimé Césaire, l’espace est entièrement renommé après lui, et reçoit régulièrement des pièces de théâtre, des concerts, des festivals, des expositions artistiques et autres manifestations culturelles.

Mais puisqu’on ne parle que de lui, arrêtons-nous un instant pour faire plus ample connaissance avec Aimé Césaire. Un espace muséal a d’ailleurs été installé dans son ancien bureau pour lui rendre hommage. C’est vrai que c’est un personnage clé de l’Histoire de la Martinique, mais aussi l’une des grandes figures de la littérature française et de la lutte pour la reconnaissance culturelle des peuples colonisés.

Asseyez-vous sur les bords de la fontaine, le temps que je vous raconte son histoire. Né en 1913 dans une famille modeste de Basse-Pointe en Martinique, il est encouragé par ses professeurs du lycée, et reçoit une bourse pour partir faire ses études à Paris. Il sera diplômé de l’École Normale Supérieure, l’une des institutions universitaires les plus prestigieuses et sélectives de France. Il s’y fait des amis sénégalais, guadeloupéens, guyanais, jamaïcains, qui cela dit en passant deviendront tous des hommes politiques ou des écrivains renommés, et fonde le journal “l’Étudiant noir”, dans lequel paraît pour la première fois le terme négritude.

Ce concept, dont on attribue volontiers la paternité à Aimé Césaire, est un courant littéraire de l’entre-deux-guerres, rassemblant divers écrivains, revendiquant l’identité noire et sa culture et se réappropriant un mot né du mépris. Pour Aimé Césaire, ce terme rejette l’assimilation culturelle du système colonial français et revalorise la culture et les traditions venues d’Afrique, fortement mises à mal par l’idéologie colonialiste et le racisme.

Mais son humanisme va plus loin et s’adresse en réalité à tous les laissés-pour-compte. Il déclarera en effet être de la race de ceux qu’on opprime. Il rentre en Martinique, et devient professeur de lettres au lycée Schœlcher. C’est à ce moment-là qu’il fait une entrée fracassante dans la poésie en publiant son recueil : “Cahier d’un retour au pays natal.” Il entre dans la politique un peu malgré lui et sera maire de Fort-de-France mais également député, pendant de nombreuses années.

En 1941, il fonde le journal Tropique en réaction à ce qu’on nomme péjorativement le “Doudouisme”, qui est l’image surfaite et proprette, bourrée de clichés et d’exotisme, véhiculée par la littérature française à propos des colonies. Toute sa vie durant, il jouera un rôle prépondérant dans l’autonomie de la Martinique et la reconnaissance de sa culture.

À sa mort, l’hommage qui lui est rendu est énorme. Il reçoit des funérailles nationales à Fort-de-France, et entre au Panthéon en 2011, au côté de tous ces grands hommes dont la patrie est reconnaissante. Je vous laisse avec l’inscription qui l’accompagne désormais pour l’éternité :

“Inlassable artisan de la décolonisation, bâtisseur d’une négritude fondée sur l’universalité des Droits de l’Homme, Bouche des Malheurs qui n’ont point de bouche, il a voulu donner au monde, par ses écrits et par son action, la force de regarder demain.”

Suivie de ces quelques vers :

“J’habite une blessure sacrée, j’habite des ancêtres imaginaires, j’habite un vouloir obscur, J’habite un long silence J’habite une soif irrémédiable”.

Groupe 19695

Découvrez Fort-de-France avec l’application navaway®

Une navigation interactive à travers les plus belles rues, places et quartiers

28 audioguides ludiques avec commentaires historiques, anecdotes et quelques mystères

Télécharger l'application

Destinations

Visiter les autres villes d'Europe

Commentaires

Notez cette publication

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *