Cathédrale Notre-Dame de Rouen

Notre-Dame de Chartres, de Paris, de Reims, d’Amiens, de Strasbourg sont des noms de cathédrales bien connues en France. Mais avez-vous déjà entendu parler de Notre-Dame de Rouen ? Si votre réponse est non, laissez-nous parfaire votre apprentissage sur celle qui fait battre le cœur de la ville depuis bien longtemps.

Comme tout grand édifice de même nature, la cathédrale Notre-Dame de Rouen, telle que vous la voyez aujourd’hui, ne s’est pas faite en un jour, ni en un mois, ni en un an, mais plutôt en 4 siècles. Sa construction, à l’emplacement d’un ancien lieu de culte roman du Xe siècle, débute vers 1145 avec l’élévation de la tour Saint-Romain côté nord. Et quarante ans plus tard, on s’attaque au gros œuvre avec un sens de progression précis, allant de la nef vers le chœur.

Alors que les premières travées s’élèvent, la cathédrale en devenir et son quartier partent en fumée dans un terrible incendie. Ce qui aurait pu décourager la poursuite des travaux va au contraire accélérer le processus de construction.

Au fil du temps, plusieurs éléments d’ampleur font leur apparition et complètent la silhouette du monument. Vers 1204, la nef et le chœur sont achevés. Autour de 1270, on ajoute des chapelles sur les bas-côtés, ainsi que des vitraux. Et en 1247, la fin des travaux touche grossièrement à sa fin. Néanmoins, toute la partie de l’embellissement reste à faire.

C’est au XIVe siècle qu’intervient la décoration de la façade principale avec l’ajout de plus de 60 statues représentant des évêques de Rouen, des apôtres ou encore des prophètes. Le résultat est impressionnant ! Vers 1506, la tour du Beurre, sur la droite, est dressée. Il est dit qu’une partie de son financement aurait été assurée par l’autorisation de consommer du beurre durant le Carême, en l’échange d’une contribution.

Après cet ajout, la cathédrale de Rouen va connaître le pire : incendie de flèche, pillage des guerres de Religion, ouragan, foudre, bombardements de 1944, tempête, c’est sans fin. Pour soigner toutes ses blessures, la bâtisse religieuse enchaîne les campagnes ininterrompues de restauration. Son style architectural évolutif et sa structure asymétrique en gardent justement les traces. Mais c’est aussi ce qui fait qu’on la surnomme “la plus humaine des cathédrales”. De ces accidents de parcours, Notre-Dame de Rouen en est ressortie chaque fois plus belle, chaque fois plus forte, mais surtout plus grande.

Elle a détenu et détient encore à son actif quelques records admirables. Sa façade par exemple, étirée sur 61 mètres, est la plus large de France. Notre-Dame de Paris, à côté, peine à atteindre les 44 mètres. Entre 1876 et 1880, le lieu de culte normand est fièrement le plus haut bâtiment du monde. Et tout ça, grâce à la flèche de sa tour lanterne en fonte qui culmine à 151 mètres de hauteur. Si d’autres prouesses architecturales lui ont bien évidemment volé la vedette depuis, elle demeure la plus haute cathédrale du pays et l’une des plus hautes d’Europe. De quoi rendre fiers les Rouennais et de quoi diviser l’opinion de certaines grandes personnalités de l’époque. Aussi bien du côté des écrivains tels que Flaubert ou Maupassant, que du côté des peintres tels que Monet, qui a bien eu du mal à cadrer la grande dame sur l’impressionnante série de 30 toiles qu’il lui a consacrées.

Et l’intérieur dans tout ça ? À quoi faut-il s’attendre ? On vous répondra : à tout autant de trésors historiques et architecturaux. Sous la voûte trône une sublime collection de vitraux allant du XIIIe au XXe siècle. Les scruter vous prendront bien quelques minutes tant il y a de détails à saisir. Les sculptures de saints célèbres, les arcades voûtées et l’élégant Escalier des Libraires susciteront eux aussi de l’intérêt à votre regard. Et que dire des sépultures d’anciens ducs de Normandie et celle de Richard Cœur de Lion, ce roi d’Angleterre, qui en “remembrance d’amour pour la Normandie” fit déposer son cœur dans la crypte de la cathédrale. Retiré du gisant, l’organe est désormais conservé dans les réserves du Musée des Antiquités de la ville.

Complexe dans son aventure et dans sa conception, mais parfaitement imparfaite dans ce qu’elle dégage, la cathédrale Notre-Dame de Rouen, monument historique depuis 1862, a le mérite d’exister et d’être reconnue dans le monde entier.