Cité médiévale

Avec plus de 2 millions de visiteurs par an, la Cité médiévale de Carcassonne est l’un des sites les plus visités de France. Il faut dire qu’elle a été classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997, et qu’elle constitue l’un des ensembles médiévaux les mieux conservés au monde. Elle présente même encore aujourd’hui quelques caractéristiques datant de la période des Wisigoths, notamment 2 de ses tours, et même des remparts gallo-romains encore visibles ! 2000 ans d’histoire, et 3 km de remparts, qui surplombent le ravissant département de l’Aude.

Mais alors, pourquoi cette cité médiévale est-elle devenue aussi puissante, et comment a-t-elle pu être aussi bien conservée ? Reprenons un peu l’histoire de Carcassonne. On estime que la colline sur laquelle se trouve l’enceinte fortifiée est habitée depuis le Néolithique, mais que les premiers remparts ont été construits pendant la période gallo-romaine. À la chute de l’Empire romain, ce sont les Wisigoths qui s’emparent de la ville en 460, puis les Sarrasins et, enfin, Pépin le Bref, le roi des Francs, en 759, reprend les rênes.

S’ensuit alors l’époque féodale. C’est pendant cette période qu’ont régné les puissants comtes de Carcassonne, les prédécesseurs de la famille des Trencavel, à qui l’on doit la cathédrale et le château comtal. Je vous explique un peu plus loin, pour ceux qui le souhaitent, les fondements du système féodal. En 1226, après une croisade lancée par le roi de France Louis VIII, Carcassonne intègre le royaume de France. Elle devient le siège d’une sénéchaussée, c’est-à-dire que c’est un sénéchal qui se trouve sur place, et qui fait obéir les ordres du roi.

C’est à ce moment-là qu’on reconstruit les murailles qui entourent la cité et qu’on renforce le château : les menaces sont nombreuses dans la région, entre Raimond Trencavel, qui tente de récupérer la ville, et le roi d’Aragon, qui se trouve non loin de là, de l’autre côté des frontières qui se trouvaient à cette époque toute proches. La population, aussi, n’accepte pas tout de suite le pouvoir du roi. En 1247, Raimond Trencavel renonce à ses droits sur la Cité. 10 ans plus tard, Louis IX fait un marché avec le roi d’Aragon. Ainsi, pendant toute la durée de la période royale, Carcassonne ne sera pas attaquée.

En 1679, plus de 4 siècles plus tard, la nouvelle frontière entre la France et l’Espagne est fixée. C’est la frontière actuelle, qui se trouve donc plus loin de Carcassonne : la Cité n’a donc plus besoin de se protéger, et perd sa position stratégique. Les habitants quittent progressivement l’enceinte fortifiée pour s’installer dans la ville basse, où prospère le commerce de draps. La Cité, elle, s’appauvrit, accueille les ouvriers les plus pauvres, et sert d’entrepôt d’armes pendant la Révolution.

Au début du XIXe siècle, le château devient une prison, la Cité est devenue l’un des quartiers les plus pauvres de Carcassonne, et il est même question de tout démolir, face à la vétusté des lieux et son inutilité. Heureusement, Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, historien et archéologue carcassonnais, met l’accent sur l’histoire de la Cité et sa puissance passée. Il découvre notamment le tombeau de l’évêque Guillaume Radulphe, dans la basilique Saint-Nazaire. Il attire ainsi l’attention de Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, qui inscrira, avec sa commission, la basilique sur la liste des monuments et sites protégés, la fameuse liste des Monuments Historiques, en 1840.

Jean-Pierre Cros-Mayrevieille se battra ensuite pour y inscrire également le reste de la Cité, et pour annuler la destruction de l’enceinte fortifiée, déjà programmée. Grâce à sa persévérance, la Cité médiévale est classée Monument Historique en 1862, ce qui la sauvera de la destruction. Eugène Viollet-le-Duc, grand architecte de ce siècle, est alors chargé de restaurer la basilique, puis toute l’enceinte fortifiée pour lui redonner sa splendeur d’antan. Son travail remarquable est encore salué aujourd’hui par les plus grands noms de l’architecture, et par les millions de personnes qui peuvent, grâce à lui, traverser ce véritable joyau de l’époque médiévale.

Voilà comment cet ensemble exceptionnel nous est parvenu, grâce à une poignée d’hommes qui se sont battus, pour garder intact l’un des plus beaux sites médiévaux du monde. Continuons notre chemin pour le découvrir.