Thermes nationaux d’Aix-les-Bains

Vous voilà devant l’un des ensembles thermaux les plus emblématiques de France : les Thermes Nationaux d’Aix-les-Bains. Un lieu où se lisent, en un seul coup d’œil, plus de deux mille ans d’histoire, entre pratiques antiques, architecture Belle Époque et projets d’avenir. Tout commence avec ce cadeau incroyable de Dame Nature : des sources d’eau chaude qui jaillissent du sol. Les Romains, dès le Ier siècle avant notre ère, en font un immense complexe thermal de plus de 6 000 mètres carrés, dédié au dieu guérisseur Bormanus. La ville s’appelle alors Aquae, “les eaux” en latin. Mais après la chute de l’Empire romain, tout est abandonné, puis englouti sous des coulées de boue, oublié pendant des siècles. Il faut attendre 1772 pour que l’histoire reprenne. La visite du duc de Chablais, fils du roi de Sardaigne, remet les eaux d’Aix à la mode. Dix ans plus tard, Victor-Amédée III ordonne la construction d’un premier bâtiment thermal moderne : le Bâtiment royal des Bains. Et à la fin du siècle, coup de théâtre : un chirurgien nommé Perrier découvre des vestiges des anciens thermes romains. La nouvelle fait sensation et attire les premiers voyageurs de l’époque romantique, curieux de voir ces merveilles du passé. En 1832, face à l’afflux de curistes, une première annexe est construite sous Charles-Albert de Savoie. On la baptise l’“Albertine”. Puis, au milieu du XIXe siècle, l’architecte Charles-Bernard Pellegrini est chargé de concevoir un nouvel établissement. Les travaux débutent en 1857, mais s’interrompent, faute de financement. C’est Napoléon III qui débloque la situation en 1860 en échange de la cession du site à l’État français. Les thermes Pellegrini, de style néoclassique, utilisent des matériaux exclusivement locaux et s’organisent autour de deux cours intérieures et de grandes piscines en hémicycle. Dans les années 1930, les Nouveaux Thermes dessinés par Roger Pétriaux offrent une extension spectaculaire : un bâtiment Art Déco à la coupole lumineuse, avec des cabines de luxe décorées de mosaïques et de marbres, témoignage du raffinement de l’époque. Une tour administrative est ajoutée dans les années 1970, marquant la dernière grande transformation du site. Aujourd’hui, les Thermes Nationaux sont partiellement protégés au titre des Monuments Historiques. Et après leur fermeture au public en 2008, un ambitieux projet de reconversion est en cours. Imaginé par l’architecte Vincent Callebaut, il prévoit deux tours végétalisées construites sur le socle historique, et l’aménagement de logements, commerces, services et d’un espace muséographique. Ce dernier permettra enfin de mettre en valeur les vestiges romains encore présents sous les fondations, longtemps négligés, mais désormais appelés à retrouver toute leur place dans l’histoire visible de la ville. Un nouveau chapitre s’ouvre pour ce site emblématique, fidèle à sa vocation millénaire d’innovation au service du bien-être.