Le viaduc de la gare Carnot

Vous voilà place Carnot, face à la gare du même nom. Saint‑Étienne compte cinq gares secondaires en plus de sa gare principale, Châteaucreux. Mais ce qui attire ici le regard, ce sont ces grandes arches qui enjambent la ville. Elles sont un puissant symbole de l’histoire industrielle et ouvrière de Saint‑Étienne, et rappellent à quel point le train a compté ici. Remontons le temps jusqu’en 1827, c’est ici même qu’ouvre la toute première ligne ferroviaire commerciale de France. Vingt kilomètres entre Saint‑Étienne et Andrézieux, pour transporter le charbon des mines environnantes jusqu’à la Loire, où des bateaux l’acheminaient ensuite vers Nantes, Paris ou Lyon. Car oui, sous vos pieds, la terre cache un trésor noir depuis des siècles. On extrait du charbon dans la région depuis le Moyen Âge, mais à partir du XVIIIe siècle, l’exploitation devient massive. Il fallait trouver un moyen de transport efficace, et le rail s’est rapidement imposé. Au départ, imaginez le tableau, les wagons étaient tirés par des chevaux. Puis en 1831, une locomotive à vapeur entre en scène, et l’histoire industrielle française bascule. Le train devient ici un moteur économique, un lien vital entre les mines, les usines, et le reste du monde. Ce viaduc, avec ses arches majestueuses, témoigne de cette époque où le rail structurait la ville. Il reliait les quartiers, desservait les manufactures, faisait circuler les hommes comme les matières premières. Mais avec le temps, ce réseau, qui reliait, a aussi fini par séparer. Ces grandes lignes ferroviaires tracent aujourd’hui des frontières visibles entre les quartiers. Mais Saint‑Étienne n’a pas dit son dernier mot. Des passerelles piétonnes aux aménagements urbains récents, la ville cherche à recréer du lien, à reconnecter ses territoires. Le rail a forgé son histoire. Il peut encore façonner son avenir.