Le Toreken

Reconnaissable par sa tourelle cylindrique qui occupe l’angle, le Toreken est le bâtiment le plus ancien de cette place qui s’appelle la Vrijdagmarkt. Son nom est issu du néerlandais “toren”, signifiant “tour”. Il a fait son apparition au XVe siècle en tant que Maison de la Corporation des Tanneurs, pour la vente des cuirs.

En traversant les époques, la bâtisse a connu son lot de réjouissances et d’atrocités. Et tout spécialement au Moyen Âge, lorsque la Vrijdagmarkt était le cœur politique et social de la cité. Sur ses pavés ont été célébrées lesdites Joyeuses Entrées. Soit, ces grandes cérémonies organisées pour la première visite d’un monarque régnant dans la ville. Malheureusement, en opposition aux jours de fête, la place était aussi le lieu des exécutions publiques. Bûcher et guillotines se sont donné la réplique, ici, jusqu’en 1863.

Aujourd’hui, 158 ans plus tard, la Vrijdagmarkt prône la tranquillité et le partage avec son marché traditionnel tenu tous les vendredis matin. On y trouve en son centre une grande statue en bronze de Jacob van Artevelde, figure emblématique de l’histoire gantoise du XIVe siècle. Cette œuvre monumentale de 11 mètres de haut, réalisée par le sculpteur Pierre de Vigne-Quyo, rend hommage au « sage de Gand » qui défendit courageusement les libertés communales et la neutralité flamande pendant la guerre de Cent Ans. Assassiné en 1345 à l’endroit même où trône aujourd’hui sa statue, ce riche drapier devenu dirigeant politique pointe éternellement sa main vers l’Angleterre, symbolisant à la fois son alliance stratégique avec ce royaume et le destin tragique qui l’attendait.

Entourée des écussons des 52 corporations de métiers de l’époque, cette statue demeure le symbole vivant de l’âge d’or économique et politique de Gand médiévale. Quant au Toreken, reconnu monument historique en 1943, il est devenu le Poëziecentrum. Ce qui donne en français : le centre de connaissances et d’expertise par excellence de la poésie en Flandres et aux Pays-Bas.