Porte Beucheresse

Vous êtes devant la Porte Beucheresse, la dernière porte fortifiée qui subsiste des remparts médiévaux de Laval. Imaginez : au XIIIe siècle, la ville était ceinturée d’une enceinte longue de plus d’un kilomètre, flanquée de vingt-sept tours et percée de trois grandes portes.

Beucheresse est la seule encore debout aujourd’hui, un témoin rare de l’époque où entrer à Laval signifiait franchir un passage étroit, surveillé et défendu. Le nom de cette porte viendrait des “beûchers”, les bûcherons qui descendaient de la forêt de Concise pour livrer leur bois en ville. C’est donc par ici qu’on entrait, chargés de fagots, en longeant le rempart pour rejoindre le cœur de Laval.

Regardez sa silhouette : deux grosses tours jumelles encadrent le passage voûté. Ce type d’entrée fortifiée permettait à la fois de filtrer les entrées et de défendre la ville. En levant les yeux, on imagine facilement les gardes prêts à verrouiller la porte, et à contrôler qui passait.

À quelques pas d’ici, le tracé des anciens remparts rappelle le rôle stratégique de ce secteur, à la jonction entre la ville basse et le Vieux-Laval. Mais la Porte Beucheresse ne raconte pas seulement l’histoire militaire de la ville.

Elle a aussi vu naître, en 1844, un enfant qui allait devenir célèbre : Henri Rousseau, dit le Douanier Rousseau, figure emblématique de la peinture naïve. Une plaque sur la tour de droite le rappelle. Difficile de ne pas sourire en pensant que ce peintre, dont les jungles exotiques sont exposées dans les plus grands musées du monde, est né ici même, dans une ancienne tour médiévale.

Classée Monument historique depuis 1931, la porte a fait l’objet de restaurations régulières. Elle a même été soutenue récemment par la Mission Bern, en 2022. Aujourd’hui, elle n’est pas toujours accessible à l’intérieur, mais des projets de mise en valeur sont en cours pour la rouvrir au public.