Jubé de l’église de la Madeleine

Cette église, qui paraît aujourd’hui un peu coincée au milieu des nouvelles bâtisses qui l’entourent, est l’église de la Madeleine. C’est la plus ancienne de la ville. Son nom est déjà mentionné en 1157, mais elle est reconstruite dans ce nouveau style gothique qui vient de sortir à l’époque, au tout début du XIIIe siècle.

Là, ce qui nous intéresse est à l’intérieur, il faut absolument que vous poussiez la porte de l’église pour aller admirer son jubé. Déjà, des jubés, il n’y en a pas cent, car ils ont pour la plupart disparu. Pour ceux qui ne sont pas ultra calés en architecture religieuse, le jubé, c’est une sorte de tribune qui fait comme un paravent de pierre ou de bois pour séparer le chœur de la nef. Donc, non seulement vous allez voir un des rares exemples de jubés français, mais vous allez aussi pouvoir admirer l’un des plus beaux !

Au début du XVIe siècle, l’église Sainte-Madeleine cherche à rénover son vieux jubé de bois. À la même époque, la cathédrale de Troyes veut refaire son portail. Jean Gailde, architecte et sculpteur se voit refuser le projet du portail, mais retenu pour le jubé de l’église. On dit que c’est pour leur faire regretter de ne pas l’avoir choisi pour la cathédrale, que notre ami Jean va tout donner et se surpasser dans la finesse de la dentelle de pierre de son jubé.

Il va donc réaliser un véritable chef-d’œuvre et sera même enterré en dessous !! La légende voudrait que tout le monde ait été un peu inquiet de voir le jubé s’écrouler, mais que Jean, sûr de lui, disait qu’il pourrait y installer en dessous sa sépulture sans avoir crainte de n’être jamais dérangé, et ce, pour l’éternité. Jusqu’ici, pari tenu !

Voyez d’ailleurs l’épitaphe ! Aujourd’hui blanchi comme ce fut le cas pour tous les murs d’église au XVIIIe siècle, il faut vous imaginer qu’à son inauguration, le jubé était de toutes les couleurs ! Cela devait être aussi éclatant que les vitraux du chœur !

Allez donc les voir de plus près. Ce sont de sublimes vitraux de l’école troyenne, réalisés au début du XVIe siècle ! Leurs particularités ? Des couleurs chatoyantes, une grande technicité et des dessins appuyés. Vous pourrez voir un arbre de Jessé, une Genèse, ou encore la légende de saint Eloi. À admirer dans les détails.

En sortant de l’église, vous pourrez également voir le Jardin des Innocents. Cet espace n’est ouvert que depuis 2008. Il s’agit de l’ancien cimetière de l’église, lieu secret reconverti en jardin public.