Fritz l’éléphant

En pénétrant dans l’enceinte du Musée des Beaux-Arts, vous êtes immédiatement intrigué par l’éléphant empaillé dans sa vitrine. Je vous présente Fritz, une vedette du début du XIXe siècle, du cirque nord-américain Barnum et Bailey.

Fritz est né en Asie vers 1820. Il mesure 2.90 mètres au garrot, pèse plus de 7 tonnes et possède des défenses spectaculaires, d’environ 1.5m de long. Capturé, il se retrouve dans un quartier de Hambourg, où il est acheté par Phineas Taylor Barnum, le fondateur du cirque. Dressé aux États-Unis, il devient l’un des éléphants savants du spectacle.
En 1902, le cirque, alors en tournée en Europe, se rend dans la ville de Tours. Le 11 juin, à la fin des représentations, les animaux forment un cortège vers la gare, où ils seront embarqués dans des wagons. Les habitants de la ville et des campagnes alentour, se pressent pour voir cet étrange défilé.
En arrivant sur la place Nicolas-Frumeaud, Fritz serait soudainement devenu incontrôlable, sans que l’on comprenne pourquoi. Une rumeur voudrait que l’animal ait été brûlé à la trompe par un cigare, ou qu’il ait avalé une cigarette, ce qui aurait déclenché sa nervosité. Mais aucune source de l’époque ne permet de la confirmer. On pense plutôt que l’animal était en période de musth, un état hormonal périodique des éléphants mâles, durant lequel ils sécrètent une substance ressemblant au goudron, et pendant lequel ils sont particulièrement agressifs. Toujours est-il que les employés du cirque ne parviennent pas à le maitriser et que la décision est prise d’abattre le pauvre Fritz.
Il sera étranglé sur la place, et mourra dans d’atroces souffrances. Le directeur du cirque décide alors de faire don du corps de l’animal à la ville.
Pour éviter la putréfaction du cadavre, il est préparé et envoyé à Nantes pour qu’un naturaliste l’empaille et remonte son squelette. Fritz rentre à Tours par voie maritime, sur un bateau à vapeur pour être exposé au Musée d’Histoire naturelle. Le squelette est installé dans une salle à la l’étage et son corps est dans le vestibule. S’il est aujourd’hui installé dans les anciennes écuries du Musée des Beaux-Arts, c’est qu’il a été déplacé en 1910, par manque de place au Musée d’Histoire naturelle.
Son squelette, lui, est malheureusement parti en fumée, lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Restauré dans les années 70, Fritz devient une véritable mascotte pour la ville et sert d’emblème dans la lutte contre la maltraitance animale.

En 2020, le jardin, près de la place où il a été battu, est renommé en son honneur, pour soutenir la cause de la protection animale. Vous verrez également sa statue, installée dans le jardin éponyme, ajoutée en 2022.