Place Kléber

Comme toutes les places principales des villes de France, vous voilà sur les lieux des grands rassemblements, que ce soit pour une victoire de coupe du monde, un gigantesque sapin de Noël ou des manifestations. La place prit le nom de Kléber en l’honneur du général strasbourgeois, assassiné pendant les campagnes d’Égypte. Vous voyez d’ailleurs à ses pieds sur la statue, un mini sphinx, symbole de ses réussites en Égypte. Cette ancienne place d’armes était parée de bâtiments militaires.

Vous voyez, prenant tout le côté nord de la place, un long bâtiment à l’architecture classique. Il s’agit de l’Aubette, nommée ainsi, car on y donnait les ordres au petit matin, à l’aube donc. Ce palais, construit en grès rose des Vosges comme la cathédrale, va opérer un virage à 180° au milieu du XIXe siècle. Café-concert, musée, commerce, loisirs, les activités se diversifient. Puis dans les années 20, l’aile droite devient un grand projet avant-gardiste d’un trio d’artistes qui entendent créer une œuvre d’art totale du sol au plafond. Depuis 2008, un centre commercial installé dans l’aile gauche ainsi que le centre culturel contemporain au premier étage vous permettent de voir de plus près ces fantastiques décors !

Derrière le monument commémoratif en l’honneur du général, se trouve un bâtiment qui jure un peu avec le style architectural de la place, avec sa superposition de grandes vitres rectangulaires. Vous y voyez simplement aujourd’hui un énième centre commercial. Et pourtant, sachez que derrière son nom de Maison Rouge, se cache une histoire qui remonte au XIIIe siècle. Il est en effet mention d’une petite auberge à cet emplacement depuis 1253. L’établissement va s’agrandir au fil des siècles, jusqu’à devenir 600 ans plus tard, un ensemble de 5 bâtiments, lieu incontournable de la vie strasbourgeoise.

Au XIXe siècle, l’auberge devient l’hôtel de la Maison Rouge, arborant un beau style impérial. En 1900, un incendie ravage l’hôtel, qui reconstruit sa façade à la mode parisienne, suivant le style du Ritz et reçoit le titre de palace. On raconte qu’il accueillit de nombreuses personnalités, de la célèbre danseuse de cabaret Mistinguette, aux hommes politiques De Gaulle et Churchill. En 1970, le sort s’acharne et un nouvel incendie aura raison du célèbre hôtel. La ville décidera alors, malgré l’opposition farouche des habitants, de le raser pour construire ce centre commercial que vous voyez là.

Voilà ce qui se cache derrière ce nom énigmatique. Et si vous regardez bien la construction, vous verrez qu’elle fait référence aux anciens colombages et que son jeu de toiture nous rappelle la présence des cinq bâtisses du temps jadis. Un hôtel de luxe du même nom existe toujours, un peu plus bas sur la rue des Francs-Bourgeois. Il s’agit d’une annexe de l’hôtel originel, ouverte en 1927.