Loge de Mer

Massive, rectangulaire, mais ô combien gracieuse, la Loge de Mer est un monument emblématique sans égal dans Perpignan. Avec ses camarades, l’Hôtel de Ville et le palais de la Députation, elle compose fièrement le “trident de l’élite commerciale et politique locale” qui fréquentait autrefois ladite place dels rics homes, comprenez la place des riches hommes, soit notre ancienne place de la Loge.

Son histoire commence en 1388, lorsque Jean Ier, roi d’Aragon, lance l’idée de fonder un consulat de mer, afin de réglementer et de favoriser le commerce de la ville et du comté, à ce moment-là fortement rattaché à l’activité maritime. En parallèle, on y joint une bourse pour mieux charger le cours des marchandises. Mais dans les faits, ce n’est qu’en 1397 qu’apparaissent les prémices de ce bâtiment au style gothique.

D’abord doté de 4 arcades, il en gagne deux nouvelles, côté rue des Marchands, vers 1540, après que Charles Quint, souverain européen le plus puissant de la première moitié du XVIe siècle, entre dans Perpignan. Et au même moment, une caravelle en fer forgé est placée en hauteur, à l’angle de l’édifice.
Levez les yeux, vous pouvez apercevoir ce qui est aujourd’hui une copie de l’originale, précieusement conservée au premier étage de l’Hôtel de Ville.

Dans ses échanges commerciaux, la cité catalane s’enrichit principalement de ses productions locales de draps de laine, qu’il soit plutôt fin pour la confection des robes ou plutôt épais pour la fabrication de capes.
Réputée au-delà des frontières européennes, la marchandise est exportée par ballots dans les ports du Proche-Orient et ceux d’Asie.

Touchée par un déclin d’activité à la fin du XVIIIe siècle, la Loge de Mer va plusieurs fois changer de fonction. De théâtre, elle deviendra un dépôt de messageries à la Révolution française, avant que son rez-de-chaussée ne soit occupé par un café en 1842. Même l’enseigne de fast-food Quick occupera son local commercial au milieu des années 1980.
Rachetée par la ville en 2017, la Loge de Mer est à présent le très bel écrin de l’office de tourisme de Perpignan.

Avant de lever les voiles vers une autre merveille locale, pensez à jeter un petit coup d’œil à la statue toute proche, baptisée Vénus, datant de 1928. Elle est l’œuvre d’Aristide Maillol, artiste peintre et sculpteur français d’origine catalane, dont le talent peut être apprécié un peu partout en France comme à Paris, aux paisibles Jardins des Tuileries, ou encore à Lyon, dans le fameux Musée des Beaux-Arts.