Hôtel Pams

De tous les proverbes que nous avons encore pour habitude d’entendre dans notre société, il y en a quand même un qui est rarement contredit. Nous faisons référence au fameux “l’habit ne fait pas le moine”, qui revendique l’idée de ne pas juger les personnes d’après leur apparence.
Et bien là, au 18 rue Emile Zola, un peu plus haut, c’est en quelque sorte la marche à suivre, à la seule différence qu’il n’est pas question de personne, mais bien d’édifice.

Grand incontournable de la cité catalane, l’hôtel Pams est un joyau patrimonial qui attire environ 250 visiteurs par jour, aussi bien de la région que de l’étranger. Devant cette façade extérieure qui ne paye pas de mine, ça peut surprendre. Mais croyez-nous, vous n’êtes pas au bout de vos surprises.

Comme le raconte l’histoire, en 1852, Pierre Bardou, héritier du papier à cigarette JOB, acquiert la bâtisse et les parcelles mitoyennes pour faire construire son usine, soit la première en France destinée à ce type de production.
À sa mort, vingt ans plus tard, sa fille Jeanne et son époux Jules Pams, homme politique influent qui ratera de peu l’élection à la présidence de la République française, transforment les lieux en un somptueux hôtel particulier, entre 1896 et 1902. Somptueux, c’est le mot !

Rénovée et aménagée par l’architecte Léopold Carlier, spécialiste des grands décors d’hôtels, de casinos balnéaires, de salons et de ministères, la bâtisse de 4 000 m² de superficie compte alors 45 salles et salons d’apparats, dans lesquels tout est beauté et rêverie.

Une fois la grande porte d’entrée passée, la visite démarre dans un vestibule où trône un grand escalier en pierre d’onyx et dont la ferronnière est recouverte de feuille d’or par endroits.

Sur les murs des différents étages et au plafond se succèdent des peintures signées Paul Gervais, artiste toulousain, à qui l’on doit la décoration des casinos de Monaco et de Nice, ainsi que celle du Capitole à Toulouse. Ses thèmes de prédilection sont les femmes de charme, l’ode à l’amour, les vertus de la civilisation, mais aussi des clins d’œil historiques.
Quant aux différents panneaux, bordés d’une dentelle de boiserie à motif d’olivier, ils ont été ramenés du pavillon chinois de l’Exposition universelle de 1889.

À l’arrière de la demeure se trouve un idyllique patio où architecture et végétation se marient à merveille.

En 1946, soit 16 ans après le décès de Jules Pams, sa veuve, Marguerite Pams-Holtzer, épousée en seconde noce, vend l’hôtel à la ville de Perpignan. Des étudiants occuperont quelque temps l’adresse en tant que locaux de l’Université, avant que celle-ci ne devienne la Bibliothèque municipale, puis un site de réception de la ville.

Caractéristique de l’art de vivre de la bourgeoisie locale du XIXe siècle, avec son élégance majoritairement Art nouveau, l’hôtel Pams est le plus célèbre hôtel particulier de Perpignan. Classé monument historique, bien évidemment !