Campo Santo

Franchir cette grille pour se retrouver face à cette immense cour vide, il y a de quoi rester perplexe. Où sommes-nous ? Pourquoi tant d’espace clôturé ? Qu’est-ce que ces arcades nous cachent-elles ? Voilà le flot d’interrogations que ce site historique de Perpignan soulève en chacun de nous.

Le Campo Santo, pour dire le “Champ Saint”, est en réalité l’un des deux cloîtres-cimetière que l’on peut découvrir en France, avec celui d’Orléans. S’il n’est pas unique en son genre, ses origines lointaines et sa surface de 30 325 m² font de lui, le plus ancien et le plus vaste cimetière médiéval du pays.

Au XIVe siècle, Perpignan est la capitale continentale du royaume de Majorque, créé en 1229 par le roi Jacques Ier d’Aragon, grand conquérant de l’île éponyme. Un noble statut qui lui permet de quadrupler sa superficie et de doubler sa population, la faisant ainsi atteindre les 20 000 habitants. Face à cet important accroissement démographique, la ville n’a pas d’autres choix que de mener quelques ajustements logistiques et géographiques.

Par exemple, la vieille église Saint-Jean, devenue trop petite pour l’accueil des fidèles, doit être secondée par un nouveau lieu de culte tout proche. Et comme le terrain idéal s’avère être celui où l’on enterre les défunts, l’abbé de l’époque réclame la création d’un cloître-cimetière pour y faire un transfert. Le chantier démarre vers 1298 et en 1302, la première pierre tombale est posée.

Initialement, le Campo Santo se composait de 4 galeries recouvertes d’un toit en auvent en bois, soutenu par des colonnes en marbre à chapiteaux sculptés. Mais l’une d’elles a été démolie en 1825, sur ordre de l’évêque, pour être remplacée par un séminaire, lui-même reconverti en caserne de gendarmerie.
Sous chaque arcade en ogive, surplombée par les écussons aux armes des riches familles perpignanaises, se trouve un tombeau. Quant à l’espace central de la cour, il avait pour fonction d’accueillir les dépouilles des plus pauvres dès 1321.

Classé au titre des monuments historiques, avec sa chapelle funéraire, dite Funeraria, le Campo Santo a été en service jusqu’à la Révolution française. À présent, il est le lieu de prédilection pour bon nombre d’événements culturels grâce à sa capacité de 1 800 places. C’est le cas du Visa, l’un des plus grands rendez-vous mondiaux autour du photojournalisme, ou encore le Festival Live Campo, incontournable programmation musicale aux accents nationaux et internationaux.