Villa Léandre

Petit détour par Notting Hill, pardon Villa Léandre pour une impasse au charme fou bordée de belles maisons de style anglo-normand. La rue va même jusqu’à reproduire l’adresse la plus célèbre de Londres : Le 10 Downing Street, résidence du Premier ministre britannique !

Ici, vous vous en doutez, le prix du mètre carré s’envole et les familles installées derrière ses murs y vivent de génération en génération et on les comprend ! Mais paraît-il que Juliette Gréco, elle, n’a jamais voulu habiter au numéro 10 que Michel Piccoli, son mari, lui avait offert.

Approchez-vous d’ailleurs de la maison au numéro 8 bis de la rue. Sous ses airs paisibles, sachez qu’elle a été le théâtre de grand moment de la Résistance française, à coup d’agent double et d’arrestation grandiose ! Elle a en effet été la cachette d’Armand Broni, espion polonais, chef du réseau Interallié de la Résistance pendant la 2e Guerre mondiale.

Il y sera arrêté par la Gestapo en 1941, accompagné de Mathilde Carré, alias la Chatte, une femme pour le moins intrigante. Institutrice puis infirmière, elle finira par monter un incroyable réseau de communication au sein de la Résistance française.

Lorsqu’elle est arrêtée ici même par la Gestapo, elle craque et accepte de devenir un agent double pour le compte de la sécurité allemande. Elle dénonce, et fait arrêter et condamner nombreux de ses anciens collaborateurs. Mais la complexité du personnage ne s’arrête pas là !

Quelques mois plus tard, elle fait croire, toujours sur ordre des Allemands, à l’agent secret Pierre de Vaumécourt, dit Lucas, qu’elle a échappé à l’arrestation du réseau Interallié, et qu’elle peut travailler pour lui, afin de l’aider à entrer en contact avec les Anglais. En 1942, Lucas, qui est devenu son amant, commence à se méfier d’elle et Mathilde craque à nouveau et retourne une nouvelle fois sa veste, devenant non pas agent double, mais agent triple pour le compte des Anglais cette fois-ci.

À la fin de la guerre, elle est jugée coupable de trahison et condamnée à mort. Graciée par le président Vincent Auriol, sa peine sera transformée en 20 ans de travaux forcés. Elle meurt en 2007, laissant derrière elle deux versions de ses mémoires. Voilà pour la partie James Bond du circuit !