La brasserie Excelsior

Devanture guindée, fenêtres corpulentes, larges stores rouges vieillis par le temps, tout porte à croire que nous sommes en présence d’une grande adresse de Nancy. Et tel est le cas.
Avec un nom latin signifiant « plus haut, plus élevé », la brasserie Excelsior révèle déjà sa vraie nature. Celle d’une iconique brasserie lancée en 1911 à l’initiative de Louis Moreau, brasseur de Vézelise.

À l’époque, le quotidien régional l’Est Républicain affirma “l’ouverture d’un nouveau et splendide établissement public”, prédestiné à “une brillante et fructueuse carrière”. Il faut croire qu’il disait vrai, car depuis plus de 100 ans, la brasserie Excelsior fait la fierté de toute sa région et contribue à sa renommée internationale. Sur le plan gastronomique, probablement, et sur le plan culturel, avec certitude.

Modèle vivant des grandes institutions de la “Belle Époque”, le lieu réunit tous les codes de l’Art Nouveau. Ce mouvement artistique, de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, qui s’appuie sur des lignes courbes, des rythmes, des couleurs et des ornementations directement empruntées à la végétation et aux êtres vivants.

Outre la façade, travaillée par les architectes Lucien Weissenburger et Alexandre Mienville, la brasserie Excelsior dissimule des intérieurs d’exception, connus dans le monde entier.
Leur décor unique est le fruit de la collaboration de 3 grands artisans français. Jacques Gruber pour les 10 verrières naturalistes, Louis Majorelle pour le mobilier en acajou de Cuba, et Antonin Daum pour les 300 lustres et autres supports lumineux.
Les deux derniers furent vice-présidents de l’École de Nancy, porte-étendard du courant Art Nouveau en France.

Épargnée par la Seconde Guerre mondiale, sauvée de la démolition en 1970 par le célèbre commissaire priseur Maurice Rheims, et classée monument historique en 1976, la brasserie Excelsior demeure l’une des expressions les plus ravissantes du patrimoine français.