La basilique Saint-Epvre

Avec ses traits gothiques et sa magnifique flèche pointant à 87 mètres de hauteur, la basilique Saint-Epvre semble veiller sur la ville depuis des siècles. Mais au risque de vous surprendre, cette version du sanctuaire religieux n’apparait qu’à la fin des années 1800.

Tout commence bien plus tôt : au XIIe siècle, avec le développement rapide de Nancy, le duc de Lorraine autorise la construction d’une première église, dédiée à saint Epvre, évêque de Toul au VIe siècle. Plus tard, à l’époque médiévale, une seconde église de style gothique, dotée d’un beffroi servant de tour de guet et de lieu de réunion pour les représentants de la ville, prend le relais.

Fragilisée, elle est finalement démolie au milieu du XIXe siècle pour laisser place à la basilique actuelle. L’édifice que vous contemplez aujourd’hui est l’œuvre de Prosper Morey, architecte de la ville, qui en posa la première pierre en 1864. En à peine dix ans, la nouvelle basilique sort de terre et séduit immédiatement par son style néogothique rayonnant. Sa construction fut rendue possible grâce à une impressionnante campagne de mécénat, portée par le curé Joseph Trouillet et soutenue par des donateurs prestigieux : l’empereur François-Joseph d’Autriche et son épouse Sissi, Napoléon III, le pape Pie IX, mais aussi de grandes familles lorraines.

Et l’Europe entière a contribué à façonner ce joyau. Les immenses verrières, couvrant plus de 2 300 m², proviennent en majorité des ateliers viennois de Carl Geyling, complétées par deux verrières de Metz. Les boiseries du chœur ont été réalisées en Bavière, les cloches fondues à Budapest, tandis que la pierre blanche utilisée pour l’élévation vient de la carrière d’Euville, en Lorraine. À l’intérieur, tout rivalise de magnificence : le maître-autel sculpté par les frères Klem, l’orgue monumental signé Merklin, inauguré par Anton Bruckner, ou encore les 84 verrières qui baignent la nef d’une lumière colorée.

Même les gargouilles valent le détour : dragons, animaux étranges, personnages grimaçants, et même une femme qui se bouche les oreilles, censée rappeler la réputation sulfureuse d’une rue voisine au XIXe siècle… Classée monument historique, la basilique Saint-Epvre reste aujourd’hui un symbole fort de Nancy, autant pour sa splendeur architecturale que pour l’histoire européenne qu’elle incarne.