Tour de la Babote

Cette silhouette fortifiée, classée monument historique depuis 1927, les Montpelliérains la connaissent bien. Mais pour nous, qui tranquillement avançons à l’inconnu sur le boulevard, l’effet de surprise est total. Comment un édifice comme celui-ci s’est-il retrouvé là, planté dans ce décor architectural aussi disparate ? En étant le premier à avoir été construit sur place, tout simplement !

Si particulière, mais pas autant reconnue qu’elle ne devrait l’être, la tour de la Babote est un maillon essentiel de l’histoire de la ville. Grâce à elle, vous avez la preuve formelle que Montpellier a autrefois été une cité fortifiée. De celle comparable à Carcassonne, il est même dit.

Au début du XIIIe siècle, le seigneur Guilhem VIII fait élever une ligne de remparts tout autour de ses terres, afin d’en assurer la protection. Les murs, de 8 mètres de hauteur environ, pour 2 mètres d’épaisseur, se déployaient sur près de 2650 mètres. Délimitant ainsi les frontières du quartier historique de l’Écusson.
Au total, 8 portes et 25 tours ponctuaient le tracé. Et vous l’avez compris, la tour de la Babote était l’une d’elles. Initialement, elle dominait un fossé du haut de ses 15 mètres. Mais rehaussée à deux reprises au cours du XVIIIe siècle, sa taille affiche bien 10 mètres de plus aujourd’hui.

En 1740, l’Académie royale des sciences greffe un étage à la tour de la Babote pour y installer un observatoire d’astronomie, qui sera opérationnel jusqu’en 1793.
En 1832, elle est quelque temps réquisitionnée pour des services télégraphiques à destination de Paris, Marseille ou encore Bordeaux.
Et maintenant, c’est le club d’échec de Montpellier et la Fédération d’astronomie populaire amateur du Midi qui se partagent ses volumes.

De l’occitan “Babita”, pour dire “fantôme”, en référence à ceux qui erreraient autour d’elle, la tour de la Babote a connu plusieurs aventures au fil de ses diverses fonctions. Mais pas que !
On raconte que Louis Sébastien Lenormand, physicien et inventeur français du XVIIe siècle, aurait sauté de son sommet avec le premier parachute de l’histoire, le 26 décembre 1783. Indemne, il aurait impressionné la foule, parmi laquelle se trouvait un certain Joseph Montgolfier, qui, comme son nom nous le laisse si bien entendre, à lui inventer la montgolfière.

Qui aurait cru à l’époque que cette technique aérienne, mise au point pour sauter des fenêtres en cas d’incendie, serait aujourd’hui convoitée pour ses sensations fortes !