Alcazaba de Merida

Derrière ses murs d’enceinte fortifiés se cachent les ruines de l’Alcazaba de Mérida. Cette forteresse carrée a été construite sur ordre d’Abd-al Rahman II. Lui, c’est le 4e émir omeyyade de Cordoue. On est au début du IVe siècle si vous êtes perdus. Il est considéré comme le chef d’État musulman le plus cultivé de son temps et sa cour est la plus brillante d’Europe. Ses qualités humaines, et la paix que vit alors l’émirat vont marquer son règne d’un grand essor culturel pour la civilisation andalouse.

Bref, ce n’est pas parce que c’est la paix qu’il n’y a pas de problème ! Il fait ériger cette enceinte militaire en 835, pour contrôler la ville qui s’était révoltée en 805. Elle est la plus ancienne citadelle musulmane de la péninsule ibérique encore visible aujourd’hui.

L’enceinte carrée fait 130 mètres par côté et pouvait accueillir un grand nombre de troupes. Elle a été bâtie grâce aux pierres récupérées de monuments romains et wisigoths. L’ordre chronologique en Espagne, c’est souvent la même chose : les Romains, les Wisigoths, les Arabes, et les Rois Catholiques. À l’origine, il y avait une grande tour carrée dans chaque coin de l’enceinte. Et à l’intérieur de la forteresse, il y avait la résidence du gouverneur arabe et les bureaux de l’administration omeyyade. On y trouvait également une citerne romaine souterraine, avec une voûte en berceau et alimentée en eau par la rivière Guadiana. On y accède encore aujourd’hui par un escalier.

Au IXe siècle, on accédait à la citadelle par une barbacane depuis le pont romain. Vous savez, les barbacanes (à ne pas confondre avec les sarbacanes), ce sont des sortes de minis fortifications reliées à la grande enceinte par un passage protégé. Comme un vestibule de forteresse si vous voulez. Et bien celui de Mérida servait à contrôler le passage de la population et les marchandises. De telle manière que la vraie grande enceinte militaire était indépendante et inaccessible pour les civils. Et que surtout, sa barbacane servait de douane et de filtre d’accès à la ville depuis le pont romain.

Après, en 1230, quand la région de Mérida fut récupérée par les armées chrétiennes, ce sont les chevaliers de l’Ordre de Santiago qui s’y installent. À la fin du XVIe siècle, on fait des travaux pour accueillir le siège du Prieuré de San Marcos de Leon. C’est à ce moment-là que l’on construit l’église et le cloître qui servent aujourd’hui de siège au conseil régional de l’Estrémadure. Vous l’avez vu de l’autre côté du bâtiment, là où il y avait les drapeaux.

Aujourd’hui, on peut voir dans la cour du fort differents vestiges datant de l’époque romaine, comme le decumanus maximus de la ville, qui était la voie principale, des fondations de l’ancienne porte romaine et des vestiges de la première enceinte fortifiée qui protégeait Augusta Emerita au 1er siècle av. J.C. L’Alcazaba de Mérida nous livre donc un panel de vestiges retraçant a eux seuls, toute l’histoire de la ville.

L’entrée est payante ou inclue dans votre billet complexe monumental complet.