Hôtel d’Escoville

Ici, dans la cour de l’office du tourisme, vous trouvez le plus bel exemple d’hôtel particulier de la Renaissance de Caen.

Il s’agit de l’hôtel d’Escoville, construit dans les années 1530 pour Nicolas le Valois, fils du seigneur d’Escoville, et l’un des plus riches marchands de la ville.
Anobli une dizaine d’années plus tôt, il décide de se faire construire une demeure digne de son rang et achète plusieurs maisons à proximité de l’église Saint-Pierre, qui est alors le cœur de la ville. Il les fait raser pour bâtir quatre édifices autour d’une cour intérieure richement décorée.

Voyez vous-même. La Renaissance italienne se mêle aux thèmes bibliques et aux références à l’Antiquité. Vous trouverez également quelques ornements semblant faire échos à une tout autre passion de Nicolas le Valois : l’alchimie.
Voyons tout cela plus en détail. Regardez déjà les deux statues tenant une tête à la main.
Elles sont des références bibliques et représentent deux scènes issues de l’Ancien Testament. Vous avez d’une part Judith tenant la tête d’Holopherne, et de l’autre David brandissant la tête de Goliath. Judith est vue comme un symbole de vertu civique et d’intolérance totale face à l’injustice. David, quant à lui, rappelle que la ruse peut vaincre la force physique et que les opprimés peuvent vaincre les tyrans.

Si vous levez les yeux vers le ciel, vous verrez des petites statues coiffer les toits lanternes. Ce sont des symboles de la mythologie grecque. On retrouve Apollon, fils de Zeus et dieu du soleil, de la musique et de la poésie, ainsi que le satyre Marsyas, une créature mi-homme mi-bouc et exceptionnel musicien. Représentés ensemble, il raconte un mythe punissant l’orgueil et l’arrogance. Choix étonnant pour décorer avec faste sa demeure.

Quant aux symboles plus ésotériques, ils se retrouvent sous la forme d’une tête de mort ou de buffle.
Malheureusement pour lui, Nicolas d’Escoville ne profitera pas longtemps de sa nouvelle demeure. Il mourra d’une hémorragie cérébrale lors d’une cérémonie donnée dans son hôtel, tout juste un an après son inauguration.

La ville de Caen loue alors le site pour organiser de grandes cérémonies ou loger d’illustres invités.
Au fil des siècles, les murs de l’hôtel se prêteront à diverses fonctions, et accueilleront l’Académie des Arts, Sciences et Belles Lettres, l’hôtel de ville et la Bourse du Commerce.

Après les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale, l’hôtel est dans un triste état. Sa façade n’existe plus, à l’exception du porche d’entrée et seule la coure intérieur semble avoir survécu au carnage.

Suite aux rénovations engagées dans les années 60, c’est aujourd’hui l’office du tourisme qui y est installé. Je vous laisse aller y faire un tour avant de reprendre notre visite, si vous voulez faire le plein de bonnes adresses dans la région !