Le Grand Théâtre

Arrivés sur la place de la Comédie, les choses sérieuses commencent !
Vous voilà face à l’une des plus belles salles de spectacle du XVIIIe siècle au monde !

Le Grand théâtre s’élève fièrement devant vous à l’emplacement historique de l’ancien forum gallo-romain.
Eh oui, c’est un peu difficile à imaginer aujourd’hui, mais vous aviez ici même, au IIIe siècle après Jésus Christ, l’immense temple des piliers de la Tutelle, dédié à la déesse Tutela protectrice de la cité.
Ce temple de 24 colonnes, d’une hauteur totale de 26 mètres, fut rasé en 1677 par Vauban, lors de la transformation du château Trompette en citadelle fortifiée.
Au XVIIIe siècle, Bordeaux est encore coincée dans sa muraille. Elle va alors vivre une époque d’embellissement et de transformation urbaine pour répondre à son explosion démographique et son expansion économique.
C’est dans cet esprit de renouveau qu’est construit le Grand Théâtre que vous avez devant vous aujourd’hui. Il y avait bien quelques salles de spectacle avant ça, mais les Bordelais veulent un beau et grand théâtre comme à Lyon ou à Montpellier, pour montrer au monde la grandeur de leur ville en plein essor.
La construction du théâtre est alors financée par les francs-maçons bordelais et la première pierre est posée par Philippe d’Orléans, Grand Maître des maçons français.
Vous imaginez donc bien que le théâtre est rempli de symboles secrets.

Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à participer aux visites guidées du Bordeaux maçonnique, organisée par la ville. Le théâtre s’élève aujourd’hui dans un style antique avec son péristyle de 12 colonnes corinthiennes.
Au sommet, vous voyez une balustrade d’où vous saluent les muses, les neuf filles de Zeus, ainsi que trois déesses, Junon, Vénus et Minerve. Sachez d’ailleurs que Uranie, qui est la muse de l’astronomie, représente le seul art qui a évolué en science.

Au fil du temps et des restaurations successives, la salle de l’Opéra de Bordeaux a récupéré ses couleurs traditionnelles de blanc, bleu et or et non plus de rouge et de doré des théâtres à l’italienne. Peu de salles en France les arborent encore aujourd’hui.
La coupole, magnifique, est peinte par Jean-Baptiste Claude Robin, et rend hommage aux arts, aux artisans qui ont conçu l’édifice ainsi qu’à la ville de Bordeaux. L’escalier d’honneur, à trois volées, impressionnera tellement Charles Garnier qu’il s’en inspirera dans la conception de son opéra parisien.

Et sur un tout autre registre, sachez que lors de la guerre Franco-Prussienne en 1870, c’est Bordeaux qui devient brièvement la capitale de la France, et c’est au Grand Théâtre que siège la première assemblée élue de la Troisième République.

Je ne vous surprends donc pas, en vous disant que le Grand Théâtre est classé monument historique et qu’il fait partie des images emblématiques de la ville.