Gendarmenmarkt

Vous voilà sur la Gendarmenmarkt, la place du marché des gendarmes en français.
Grandiose et harmonieuse, elle est décrite comme la plus belle de la capitale. Certains disent même qu’elle est la plus belle place au nord des Alpes!
Comment pourrait-il en être autrement, avec le sublime Konzerthaus trônant au centre, encadré de ces deux églises, aussi baroques qu’identiques, se faisant écho de part et d’autre.

Celle qui n’était qu’une simple place de marché située en dehors des murs de Berlin a été redessinée en 1688, dans le cadre de l’aménagement de la nouvelle ville de Fridrichstadt.
Nommée en l’honneur de Frédéric 1er de Prusse, cette extension indépendante du centre historique fut ensuite intégrée au Grand Berlin lorsque la ville fut unifiée et divisée en districts.
Son nom actuel vient du fait qu’un régiment de cuirassés de gens d’armes y était installé au début du XVIIIe siècle. Lorsque le régiment quitta les lieux en 1774, Frédéric le Grand décida d’embellir la place, tout en en conservant le nom.
Il fit alors détruire les écuries et construire le petit théâtre de la Comédie française. Cela peut vous paraître étrange, mais le roi, qui venait de faire édifier un opéra à l’italienne, voulait également offrir un lieu de travail permanent aux acteurs de la cour française. Des pièces y étaient jouées en français, langue couramment parlée par la noblesse allemande.
Mais quelques années plus tard, cette maison de la comédie n’étant plus utilisée, et le roi fit construire un théâtre national allemand par Carl Gotthard Langhans, le même architecte qui éleva la porte de Brandebourg.
Si vous ne le voyez plus aujourd’hui, c’est parce qu’il a été détruit par un incendie en 1817. Il n’en resta que les 6 colonnes ioniques, réutilisées dans la construction du nouveau Konzerthaus.

L’imposant temple néoclassique que vous avez sous les yeux date de 1821. Il est l’œuvre principale de l’architecte Karl Schinkel. Largement inspiré de l’Antiquité grecque,l’édifice est couronné d’une statue d’Appollon et de son char.
L’immense escalier qui mène à l’entrée était réservé au public classique. Si vous vous approchez sur les côtés, vous verrez qu’il existe un passage, par lequel passaient les fiacres des aristocrates, qui se faisaient déposer devant une entrée VIP.
C’est par là qu’il vous faudra passer si vous voulez accéder au hall d’entrée libre d’accès, sans billet pour une représentation.

Frappé par une pluie de bombes lors des derniers affrontements qui mirent fin à la guerre, le site en ruine fut le théâtre d’une image puissante : celle du légendaire “Ensemble Alexandrov” réunit en 1948 au milieu des décombres, devant une foule immense.
Lors d’un concert pour la paix, le chœur de l’armée rouge interpréta des chants des folklores russes et allemands, dans un élan d’espoir et de solidarité.

Aujourd’hui, le Konzerthaus de Berlin abrite l’orchestre symphonique. L’été, il joue même dehors sur les marches, qui sait, vous aurez peut-être la chance de les écouter!
Et si vous vous posiez la question, au centre de la place, c’est avec le poète et dramaturge Friedrich Schiller que vous pouvez faire connaissance. Si son nom ne vous dit rien, sachez qu’il est un incontournable du patrimoine littéraire allemand. Influencé par Rousseau, il est célèbre pour ses pièces de théâtre, et pour son amitié avec Goethe. C’est lui qui a écrit, par exemple, l’histoire de Guillaume Tell.

Sur cette note culturelle, approchez-vous de l’église qui se trouve sur votre gauche.