Jardin des plantes (Pt 1)

Sur les 82 jardins botaniques de France et des pays francophones confondus, c’est ici, à Montpellier, que se cache le doyen de la bande. Impressionnés ? Vous pouvez l’être ! Mais attendez de connaître un peu mieux celui qui depuis plus de 400 ans fait la fierté des Montpelliérains.

C’est en 1593, que Pierre Richer de Belleval, botaniste français, crée cet espace vert sous l’impulsion du roi Henri IV. De taille nettement plus réduite qu’aujourd’hui, le jardin s’oriente alors autour de 5 terrasses sur lesquelles sont cultivées les “simples”, nom donné aux herbes médicinales au Moyen Âge. Une conception novatrice qui fait de lui le premier jardin royal de France voué à l’enseignement des plantes pour les futurs médecins. Mais aussi un modèle pour de nombreuses autres adresses européennes de même nature fondées après lui, dont le Jardin des plantes de Paris.

En 1622 a lieu l’illustre siège de Montpellier, acte fondamental des guerres de Religion. Louis XIII, entouré de son armée royale, s’attaque à l’une des plus importantes places fortes du protestantisme, commandée par le duc Henri de Rohan, afin de réaffirmer son autorité catholique sur le royaume. Après un mois et demi d’affront, Montpellier se soumet et devient la “capitale du Languedoc” fidèle au roi.

Sur les plans politiques, sociaux et urbanistiques, les répercussions sont nombreuses. Pour preuve, le Jardin botanique de la ville est totalement ruiné. Richer de Belleval n’a pas d’autres choix que de tout reprendre à zéro, dès 1629. Avec l’aide de Pierre Magnol, médecin et premier botaniste à introduire la notion de famille dans la classification des végétaux, il redonne vie au site, l’agrandit avec l’achat de potagers et le perfectionne.

Entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, plusieurs grands médecins et botanistes travaillent ou dirigent le jardin, modifiant ainsi son visage. Une orangerie de 49 mètres de long est construite pour protéger les plantes et les agrumes du froid hivernal. Une serre de 300 m², où sont logées des cactées et des espèces venues de régions sèches du monde entier, est inaugurée en plus de l’une des toutes premières coupoles astronomiques du sud de la France.

Même si aujourd’hui pharmaciens, botanistes et agronomes ont remplacé les médecins d’antan, l’adresse, rattachée à la Faculté de Médecine de Montpellier, a conservé sa valeur pédagogique. Sur 4,6 hectares, elle rassemble plus de 3 000 espèces végétales, dont des variétés en voie d’extinction et des arbres pluriséculaires.

En tant que site protégé depuis 1984 et monument historique depuis 1992, le jardin des Plantes est bien l’un des plus beaux éléments du patrimoine paysager de la ville.