Es Drac de Na Coca

Vous voilà sur une petite place face au musée du diocèse et d’une belle villa néo-gothique au numéro 3. Sur sa façade, un petit crocodile sculpté, le trouvez-vous ? Il n’est pas sur la porte, mais bien plus haut, à l’angle de la rue à droite. Il s’agit d’une reproduction miniature du dragon de Palma, qui était, en réalité, vous l’avez deviné, un crocodile !

Nous sommes au XVIe siècle, et une bête étrange terrifie les habitants et dévore les enfants. La population superstitieuse et très religieuse attribue alors ces tragédies à une punition divine et peu d’entre eux prêtent attention aux témoins qui affirment avoir aperçu une bête féroce munie d’une grande queue verte. Toujours est-il que plus grand monde n’ose mettre le nez dehors à la nuit tombée.

Un soir, le capitaine Bartomeu Coch, venu courtiser sa bien-aimée, car oui, vous noterez que nous avons ici besoin d’un prince charmant, sous les traits d’un capitaine donc, qui arrive à cheval aux portes de la ville. Il entend un bruit étrange et tombe nez à nez avec un animal inconnu. Ni une ni deux, il s’empare de son épée et transperce ce qu’il pense alors être un dragon. Il apporte donc son trophée sous la fenêtre de sa dulcinée pour lui démontrer son amour.

Oui, les fleurs c’est périssable comme disait Jacques Brel, et qui n’a pas rêvé d’un dragon au bout d’une fourche !? Alors, évidemment, le capitaine n’avait pas tué un dragon, mais bien un crocodile d’origine africaine, d’environ 1 mètre de long qui s’était certainement échappé d’un bateau bébé et grandit dans les égouts de la ville. Il est trop petit pour avoir dévoré des humains, cette partie-là relève du folklore, mais il est facile de croire qu’il ait pu terroriser les habitants !

Voilà donc la naissance de la légende du Drac de Na Coca, dont il existe également une chanson du même nom, que vous pouvez écouter pour vous mettre dans l’ambiance.

Mais sachez que vous pouvez voir le fameux dragon crocodile !! Il est embaumé au musée du diocèse devant vous, depuis le début du XXe siècle, lorsque la famille du capitaine Coch décida d’en faire don, pour notre plus grand plaisir !