Statue d’Abraham Duquesne

Entre les jours de marché et l’omniprésence de voitures sur le parking de la Place Nationale, repérer la statue d’Abraham Duquesne peut sembler être toute une épreuve. Mais du moment que notre regard se pose sur elle, nous sommes interpellés par l’homme qu’elle représente, à la fois si fier dans sa posture et si victorieux dans son regard porté sur l’horizon. Qui est ce fameux Abraham Duquesne ? Et pourquoi la ville normande lui rend-elle hommage ?

Né à Dieppe en 1608 ou 1610, dans une ancienne famille protestante d’armateurs, Abraham Duquesne est l’un des grands officiers de la Marine de guerre française du XVIIe siècle. Embarqué dès son plus jeune âge par son père, lui-même capitaine de vaisseau, il se met très tôt à servir le roi Louis XIII durant la religieuse et politique guerre de Trente Ans, avant d’être forcé de quitter la marine en 1644, pour avoir entre autres perdu un navire. Pour autant, il parvient à intégrer la marine royale suédoise avec l’autorisation du cardinal Mazarin, principal ministre de Louis XIII, puis de son fils Louis XIV.

Au service de la reine Christine de Suède, Duquesne démontre ses qualités de vice-amiral surtout lorsqu’il défait la flotte danoise à la bataille de Fehmarn. Résultat, lors de son retour en France vers 1647, la Marine royale lui réouvre ses portes et le nomme chef d’escadre, puis lieutenant général des armées navales. De tous les exploits qu’il mène, sa victoire contre l’Espagne et la Hollande en 1676, à Agosta, est l’une des plus remarquables.

Grâce à lui, Louis XIV nourrit son statut de “Louis le Grand”. Et en contrepartie, après la révocation de l’Édit de Nantes, interdisant le culte protestant dans le royaume, le monarque épargne l’immigration ou l’abjuration au capitaine, malgré son appartenance à cette religion. Duquesne est cependant radié du corps de la marine et une potentielle nomination à la dignité de Maréchal de France lui passe sous le nez. À sa mort en 1688, sa femme abjure au protestantisme, pour conserver les biens de la succession, et ses enfants s’expatrient.

Réalisée en 1844 par le sculpteur dieppois Antoine Dantan, cette statue commémore ce héros local entouré d’attributs de la Marine de guerre, tels qu’un porte-voix ou une ancre.