Dieppe, naissance de LA station balnéaire de France

En France, quand il est question de station balnéaire, nous avons comme une sorte de renvoi automatique au club des destinations de la Côte d’Azur et de la côte atlantique qui s’opère. Vous savez les fameuses Biarritz, La Ciotat, Saint-Tropez, La Grande-Motte ou encore Biscarrosse.

Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est davantage en Normandie, au plus près des eaux fraîches de la Manche, que l’idée du balnéaire est historiquement née. Et plus précisément, ici, à Dieppe, si nous nous en remettons uniquement aux archives. Car oui, la légende selon laquelle le roi Henri III aurait été le tout premier baigneur connu en France, en se rendant à Dieppe en juin 1578, sous conseil médical, n’a elle jamais été attestée.

Au milieu du XXe siècle, notre chère ville normande attire déjà la haute société anglaise et française venue respirer l’air iodé à 3h de route de Paris. En particulier les grandes dames comme Hortense de Beauharnais, reine de Hollande et fille de l’impératrice française Joséphine, qui s’offre plusieurs baignades en famille avec ses enfants, dont le futur Napoléon III. Un parfait coup de pub qui met Dieppe sous le coup des projecteurs et l’encourage à ouvrir son premier “établissement des bains” de France, sur sa plage, en 1822.

Ce qui peut paraître comme le lancement du phénomène de “station balnéaire” n’est rien en comparaison à ce qui va advenir ensuite. La pratique régulière des bains de mer, d’une année sur l’autre, va réellement se démocratiser à partir de 1824 lorsqu’une certaine Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, duchesse de Berry et belle-fille du roi Charles X, en devient l’ambassadrice. Sulfureuse, étonnante, gaie et un poil rebelle, la jeune femme voit en Dieppe son nouveau terrain de jeu.

Le bain du 3 août 1824, annoncé par un son de canon, durant lequel la duchesse se présente aux vagues de la Manche, escortée par deux maîtres baigneurs devant une foule captivée, est un véritable événement médiatique. Cette fois, ça y est, la station balnéaire de Dieppe est lancée, faisant d’elle la doyenne de toutes les autres qui vont être créées en Normandie et dans le reste du pays.

L’évolution croissante des bains de mer va atteindre son apogée à la fin du XIXe siècle, soit à la Belle Époque, au même moment où les baigneuses vont s’affranchir du corset et de leur longue chevelure pour adopter une tenue de bain sportive plus élégante, capable de dévoiler un corps hâlé.

Si aujourd’hui la plage de Dieppe a laissé place à de nouvelles pratiques, la fraîcheur de l’eau de mer, elle, est restée inchangée. Mais dites-vous qu’une fois passé les risques de spasmes et de suffocations, la trempette dans cette eau, à 13°C en moyenne, a tout ce qu’il y a de plus thérapeutique et médicinal.