Page d’histoire sur le quai Henri IV

Emblématique dans la découverte de Dieppe, le quai Henri IV est ce type de lieu qui égaye la promenade rien que par son enfilade de façades colorées donnant sur le port de plaisance. Mais quitte à retenir cette charmante image de la ville normande, autant en connaître son histoire, qui elle pour le coup est beaucoup moins édulcorée.

Avez-vous déjà entendu parler du bombardement de Dieppe, aussi connu sous le nom de la “Grande Bombarderie” ? En plein contexte de la guerre de Neuf Ans, opposant la France de Louis XIV à l’ensemble des princes européens, une flotte anglo-hollandaise entreprend de bombarder les ports de la Manche. Celui de Dieppe en fait bien évidemment partie. Les 22 et 23 juillet 1694, autour de 1100 projectiles sont lancés sur la ville portuaire. Et par projectiles, nous entendons des bombes ou des obus qui, contrairement aux canons, sont eux remplis de produits incendiaires.

Face à cette arme imparable, les deux tiers des maisons dieppoises, essentiellement à pans de bois à l’époque, ont beaucoup souffert. Celles qui n’étaient pas détruites sous le choc des bombardements disparaissaient finalement dans les flammes. Méconnaissable, Dieppe sera reconstruite très lentement selon les plans d’Antoine De Ventabren, architecte du roi. Sa nouvelle physionomie, quasiment achevée vers 1720, laisse apparaître des règles d’architecture classique, avec des rues rectilignes débouchant sur les quais et des habitations en briques blondes, ou rouges, aux façades bien alignées.

L’œil averti pourra encore observer des traces de cette ancienne rigueur architecturale depuis le quai Henri IV. Par exemple auprès de l’Hôtel d’Anvers, classé monument historique en 1991, situé au numéro 49. Vraisemblablement la propriété d’un ancien négociant fortuné, l’édifice expose une façade symétrique sur laquelle se superpose un fronton triangulaire et des pilastres, comme il est d’usage dans l’architecture classique. Avant d’aller le voir de plus près, ne manquez pas d’observer l’Hôtel des Oratoriens, au numéro 31, à côté de vous. Bâti à l’emplacement de l’ancienne maison du célèbre armateur local Jean Ango, il a très souvent été mis au service de l’enseignement au cours de son existence. Et ça continue aujourd’hui, puisqu’une école maternelle occupe une partie de ses volumes.

Ainsi, selon l’endroit par lequel vous abordez Dieppe, elle vous offre des visages très divers, reflet de son histoire riche et mouvementée.