Monastère de San Juan de los Reyes

En arrivant devant l’imposante façade du monastère de San Juan de los Reyes, vous comprenez tout de suite qu’ici, c’est du sérieux ! Et même si de l’extérieur vous ne voyez pas grand-chose, vous vous doutez bien que l’intérieur doit pencher vers le grandiose !

Alors, l’entrée est payante, mais ce n’est qu’une faible participation qui vous est demandée, alors je vous conseille vivement de pousser ses lourdes portes. Sentir le poids de la beauté froide et imposante qui règne entre ces murs vous permet de mieux comprendre la dimension des Rois Catholiques en Espagne et dans le monde.

Ce monastère a en effet été érigé à la demande d’Isabel de Castille et Ferdinand d’Aragon, pour commémorer la bataille de Toro, une étape décisive de la guerre de succession, dont ils sortirent vainqueurs contre le Portugal. Le monastère est aussi là pour célébrer la naissance de leur fils, le prince Jean et devait à la base servir de mausolée royal.

Ne cherchez pas leurs tombeaux, ils ont finalement choisi Grenade comme lieu de dernier repos. Le monastère est l’exemple le plus éclatant de ce qu’est le gothique isabélin en Espagne et c’est aussi le monument le plus important bâti par les Rois Catholiques. La construction dura presque 50 ans et l’architecte Jean Guas créa un style propre aux Rois Catholiques avec des étages et des décors très recherchés que vous ne vous lasserez pas d’admirer.

Même si la dominance de l’architecture intérieure est gothique, vous trouverez également des éléments classiques, des décorations flamandes et des plafonds en bois de style néomudéjar. Le cloître, quant à lui, date de 1510. C’est un vrai bijou du gothique espagnol transitant vers la Renaissance. Ce cloître carré à deux étages, a été profondément restauré et c’est un vrai bonheur que de s’y promener.

La visite du Monastère de San Juan de los Reyes est un incontournable de votre séjour à Tolède et il est classé bien d’intérêt culturel espagnol, qui est l’équivalent de nos monuments historiques en France.

L’importance des Rois Catholiques n’est pas à prendre à la légère. En Espagne, on considère leur règne comme la transition entre le Moyen-Âge et l’époque moderne. Si vous ne voyez pas trop qui ils sont, sachez que ce sont eux, qui, par leur mariage, ont uni les couronnes d’Aragon et de Castille, ouvrant ainsi la voie à la monarchie espagnole. Ce sont eux qui ont mis fin à la Reconquista en prenant le Royaume de Grenade, dernier reliquat de l’ancien royaume musulman d’Al Andalous qui donna son nom à l’Andalousie.

Si le Pape les surnomme les Rois Catholiques, c’est parce que ce sont eux également qui ont uni leur pays sous une seule et même religion. Et pas dans la douceur, vous imaginez bien. C’est pour cela qu’a été créée l’Inquisition. Pour convertir de force et expulser les juifs en 1492, puis les musulmans dix ans plus tard. La date vous rappelle autre chose et c’est normal, ce sont également les Rois Catholiques qui ont financé les trois caravelles de Christophe Colomb, censées trouver une nouvelle route commerciale vers les Indes.

La suite vous la connaissez. La découverte des Amériques va changer dramatiquement la face du monde et étendre le pouvoir de la couronne d’Espagne outre-Atlantique. Ils vont devenir de plus en plus puissants, de tous les côtés, notamment en mariant leurs cinq enfants avec des princes européens.

C’est ainsi qu’ils vont se lier à l’imposante dynastie des Habsbourg, créant la branche des Habsbourg espagnols. C’est de l’union de leur fille dite Jeanne la Folle à Philippe d’Autriche, qui donnera naissance à Charles. Charles qui est le premier en Espagne, mais le cinquième en Autriche, je vous parle bien évidemment de Charles Quint, qui est juste le monarque le plus puissant de la première moitié du XVIe siècle.

Il est l’héritier de quatre dynasties et règne sur tellement de territoires que ça donne le vertige. Bref, tout ça pour vous dire que les Rois Catholiques, c’est un gros morceau de l’Histoire d’Espagne et j’espère que maintenant vous y voyez un peu plus clair !