Cathédrale Sainte-Marie de Tolède

Vous voilà au cœur de Tolède, sur la place de l’Ayuntamiento, c’est-à-dire, sur la place de la mairie. Vous avez, d’un côté l’hôtel de ville donc, vous l’aurez deviné au nom de la place, et de l’autre, la superbe cathédrale Sainte-Marie de Tolède.

Mais avant de vous parler un peu plus de ce bijou gothique, j’aimerais attirer votre attention sur l’édifice de la mairie. C’est derrière cette façade à la symétrie parfaite qu’est installée l’institution en charge du gouvernement de la municipalité espagnole de Tolède, capitale de la province du même nom, au cœur de la communauté autonome de Castilla-La Mancha.

Car oui, pour votre information, l’Espagne est composée de communautés autonomes. 17 pour être exact.

Mais revenons à notre belle cathédrale. Elle est le siège de l’archidiocèse de Tolède et son importance religieuse ne date pas d’hier. Il y avait déjà là une église au VIe siècle, à l’époque où les Wisigoths avaient fait de la ville leur capitale. En 712, à la prise de Tolède par les musulmans, l’église est rasée et l’on construit ici une imposante et belle mosquée.

Trois siècles plus tard, Alphonse VI, dit le Brave, conquiert la ville et promet aux musulmans qu’ils pourraient rester sur place et continuer à utiliser leurs temples. Vous ne voyez pas de mosquées à l’horizon, vous vous doutez donc bien que tout ne s’est pas passé comme prévu ! En 1085, le roi décide de réinstaller l’archevêché à Tolède et Bernard de Sédirac devient le premier archevêque de la ville. C’est lui qui va tout faire capoter.

Il profite de l’absence du roi, et, suivant les conseils de la reine, prend la mosquée par la force, installe une cloche dans le minaret et chasse les fidèles. Lorsque le roi l’apprend, il est furieux et rentre à Tolède pour punir l’évêque d’avoir trahi son pacte. Mais on raconte qu’à son arrivée, la population musulmane, craignant de futures représailles, lui implore de ne pas punir les catholiques. Voilà comment la mosquée se retrouva officiellement transformée en cathédrale.

S’ensuit alors une grande époque fastueuse pour l’archevêché de Tolède, à qui l’on a confié le titre de primat d’Espagne. En gros, le primat donne une sorte de pouvoir suprême à l’évêque sur tous les autres évêques de la région. Bref. La mosquée convertie en cathédrale restera telle quelle pendant bien trois siècles.

Puis arrive un événement important dans l’histoire de la chrétienté et de la Reconquête espagnole, c’est la bataille de las Navas de Tolosa. Cette défaite, décisive du côté des forces arabes, marque le début de la fin pour la domination musulmane de la péninsule ibérique. Engaillardi par cette victoire, le nouvel évêque de Tolède, décide qu’il est grand temps de construire une belle et grande cathédrale comme on dresse un peu partout en Europe. On s’inspire du gothique français et en 1226, le roi Ferdinand III pose la première pierre de celle qui s’élève devant vous aujourd’hui.

Vous remarquez évidemment, son beau portail d’entrée, avec la représentation de la Cène sculptée sur le tympan. Prenez le temps de faire le tour de la cathédrale et d’admirer ses différents portails. Et bien évidemment, il vous faudra pousser les portes de la cathédrale pour comprendre toute l’ampleur de sa richesse. Attention les yeux, ça peut paraître un peu chargé.

Le grand retable est impressionnant, les stalles marquetées, spécialités des cathédrales espagnoles, sont superbes, les plafonds à caissons mudéjars sont splendides et la sacristie pourrait aisément passer pour un musée, tant elle regorge d’œuvres des plus grands peintres, comme celles du Greco, de Velázquez, du Caravage, etc. Prenez votre temps, si vous êtes amateurs d’art religieux, vous ne le regretterez pas.

Les autres, soyez curieux et laissez-vous surprendre. La cathédrale est classée bien d’intérêt culturel d’Espagne depuis 1909 et a rejoint la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO en 1986.