Salon des Royaumes

Le palais aux tons roses que vous passez à présent est le salon des Royaumes. On l’appelle comme ça, pour les peintures de son plafond qui représentent les armoiries des 24 royaumes et territoires sous le contrôle de la monarchie espagnole du temps de Philippe IV.

Lui, on le surnommait même le roi-planète. Issu de la toute puissante famille des Habsbourg, il était roi d’Espagne et des Indes ainsi que des Deux-Siciles, du Portugal et des Algarves et souverain des Pays-Bas espagnols. Il faut bien comprendre qu’aux XVIe et XVIIe siècles, l’Espagne était considérée comme le pays le plus puissant du monde. C’est ce qu’on appelle l’âge d’or espagnol.

Tout commence avec la prise de Grenade par les Rois Catholiques, qui ont ainsi unifié le Royaume d’Espagne, puis avec la découverte du Nouveau Monde en 1492, qui mena la couronne espagnole à établir un gigantesque empire colonial aux Amériques. On disait même de Charles Quint, des Habsbourg d’Espagne, qu’il régnait sur un empire où le soleil ne se couchait jamais, englobant des territoires sur trois continents. La célèbre Armada (la flotte royale) était crainte de tous et l’armée espagnole a pesé de tout son poids dans de nombreux conflits militaires.

Philippe IV, lui, hérite donc d’un immense empire, mais vit une époque pleine de défis, de crises économiques et de pertes territoriales qui marquent le début d’un déclin pour l’Espagne. L’Histoire s’en souvient comme d’un piètre homme politique, mais comme d’un grand amateur d’art et mécène. À cette époque, le pays vit aussi une grande croissance culturelle avec de nombreuses contributions dans le monde de l’art et de la littérature.

Bref, c’est donc lui qui ordonne la construction du Salon des Royaumes qui est une nouvelle aile du grand ensemble architectural qu’était le palais du Buen Retiro. Ce dernier avait été construit au XVIe siècle, comme lieu de résidence secondaire et de détente pour la famille royale (d’où son nom de bonne retraite). Il n’en reste aujourd’hui que quelques vestiges : les immenses jardins du Retiro, le salon des Royaumes et le Cason del Buen Retiro qui est aujourd’hui le musée du Prado.

Initialement conçu comme salle de bal et de divertissement, on donne ensuite au beau Salon des Royaumes, une fonction cérémonielle avec la salle du trône où l’on accueillait les cours étrangères. Si les autres parties du palais ont disparu, c’est parce qu’elles ont été détruites lors des attaques des troupes françaises durant l’invasion napoléonienne entre 1808 et 1814. Cela dit, le palais tel que vous le voyez a été fortement modifié suite aux réformes menées après la guerre d’Indépendance. L’édifice a longtemps accueilli le musée de l’armée avant qu’il ne déménage à l’Alcazar de Tolède, et est aujourd’hui une annexe du musée du Prado.