Les Greniers à sel

Vous êtes devant les Greniers à Sel, deux immenses bâtiments aux toits pentus qui racontent une autre facette de l’histoire d’Honfleur, moins poétique que ses peintres mais tout aussi vitale : celle du sel.

C’est Jean-Baptiste Colbert, le principal ministre de Louis XIV, qui ordonne leurs construction en 1670. Ces greniers servaient à entreposer des milliers de tonnes de ce précieux minerai blanc, indispensable à la conservation du poisson, en particulier le hareng et la morue pêchés jusqu’à Terre-Neuve. À l’époque, le sel était lourdement taxé : c’était la gabelle, un impôt impopulaire qui frappait tout le royaume.

Ici, son stockage et sa gestion étaient contrôlés par l’État, dans ces entrepôts bâtis en pierres de récupération issues des anciennes fortifications. Regardez leur taille : 40 mètres de long pour le plus grand, charpentés en châtaignier par des artisans de marine, ils témoignent du savoir-faire normand. À l’origine, ils étaient trois, mais un incendie en 1892 en fit disparaître un. Depuis la Révolution, les greniers ont connu des usages variés, jusqu’à être rachetés par la Ville au milieu du XXe siècle.

Classés Monuments Historiques, ils accueillent aujourd’hui des expositions, concerts et festivals. Ce qui fut un symbole fiscal redouté est devenu un lieu de culture et de rencontres, au cœur de l’ancien quartier fortifié.