Le Quartier des Villas

Vous voilà rue Raspail, dans le quartier des Villas. Regardez autour de vous : façades à pans de bois, briques en damier, toitures découpées, petits jardins clos par des grilles légères… Ici, tout respire la villégiature.

Ce foisonnement de maisons n’est pas un hasard. Dès 1859, quand le duc de Morny décide de créer Deauville de toutes pièces, l’idée est claire : faire une station balnéaire plus élégante que Trouville. On réserve donc tout ce secteur ouest de la ville à la construction de villas, pour accueillir l’aristocratie et la bourgeoisie venues de Paris. Dès les années 1860, elles s’installent ici pour profiter des bains de mer, de l’hippodrome ou du casino. Dans les décennies suivantes, les villas se multiplient et affichent des styles variés : le fameux “anglo-normand”, avec ses colombages et ses toits animés, mais aussi des touches Art nouveau ou Art déco des années 1900–1930, aux lignes plus sobres, parfois en béton ou décorées de mosaïques colorées.

En quelques pas, vous traversez plusieurs époques et influences architecturales. Parmi les plus emblématiques, une villa construite en 1912 pour le baron Henri de Rothschild : une demeure imposante, mêlant damiers de briques et de pierre, bow-windows et tourelles. Mais c’est après son rachat en 1924 par Ralph Beaver Strassburger, industriel américain passionné de courses, qu’elle prendra le nom qu’on lui connaît aujourd’hui : la Villa Strassburger. Si vous êtes curieux d’en découvrir l’intérieur, sachez que cette dernière, classée monument historique, se visite.

Pendant la guerre, nombre de ces villas furent réquisitionnées par l’occupant, avant de redevenir, après 1945, des lieux de villégiature familiale. Et parfois, l’histoire flirte avec l’anecdote. En 1928, André Citroën ouvre tout près d’ici un garage et hall d’exposition. On y présente ses fameuses autochenilles, ces véhicules incroyables capables de franchir déserts et montagnes lors de la Croisière Jaune, une expédition partie traverser l’Asie jusqu’en Chine. Et figurez-vous que l’une de ces machines d’aventure a fini sa carrière ici… à promener des baigneurs sur la plage de Deauville !