L’ancienne chambre de commerce

Vous êtes devant l’un des plus beaux témoins de l’âge d’or industriel de Saint-Étienne : l’ancienne Chambre de Commerce, aujourd’hui devenue la Maison des Avocats. Ce bâtiment, installé dans celle qu’on appelait alors la rue de la Bourse, incarne à lui seul l’incroyable essor économique de la ville au XIXe siècle. Dès les années 1820, Saint-Étienne s’impose comme un moteur de la révolution industrielle française. La ville exploite un immense bassin houiller. Dis comme ça, ça ne vous parle pas trop, mais la houille, c’est simplement une qualité spécifique de charbon, qui serait le terme plus générique. La ville devient un pôle majeur dans des secteurs aussi variés que la sidérurgie, l’armurerie, la rubanerie… et même la soie ! Résultat : la population explose. On passe de 37 000 habitants en 1827 à plus de 135 000 à la fin du siècle : une croissance fulgurante, presque aussi rapide que celle de Lyon, pourtant bien plus grande, qui double sa population sur la même période. Dans ce contexte en pleine effervescence, la Chambre de Commerce voit le jour en 1833, chargée de soutenir les entreprises locales et de faire remonter les besoins de l’industrie jusqu’au gouvernement. Le bâtiment que vous avez sous les yeux est l’œuvre de Jean-Michel Dalgabio, l’un des architectes emblématiques de la ville. Construit au départ pour accueillir à la fois la Chambre de Commerce et la Condition des Soies (un organisme chargé de vérifier le poids sec de la soie pour les échanges commerciaux), il ne cessera d’évoluer au fil des décennies. Façade symétrique, grandes arcades, toit en verrière, escaliers majestueux, salle d’honneur avec plafond peint… Tout a été pensé pour refléter le prestige des élites industrielles stéphanoises. L’intérieur, aujourd’hui fermé au public, cache des trésors qui racontent l’ambition de la ville, avec ses grandes industries représentées en peintures, sculptures et tapisseries. La Chambre de Commerce quittera les lieux en 1993 pour rejoindre le cours Fauriel. Aujourd’hui classé monument historique, il continue de faire rayonner le patrimoine architectural et l’histoire économique exceptionnelle de Saint-Étienne, témoin d’une époque où l’art et l’industrie marchaient main dans la main.