Porte Dorée et Statue de Grégoire de Nin

Vous voici devant la Porte Dorée, Porta Aurea en latin, l’entrée la plus monumentale du palais de Dioclétien. C’est par ici que l’empereur lui-même passait, lorsqu’il arrivait dans son palais depuis l’intérieur des terres. On imagine donc que cette porte, construite au début du IVe siècle, devait impressionner… et elle le fait encore aujourd’hui. Elle est flanquée de deux tours rectangulaires et ornée de niches qui abritaient autrefois des statues — probablement de Dioclétien, Jupiter et d’autres figures impériales. La porte était solidement défendue et décorée avec soin, symbole de prestige autant que de pouvoir. Mais aujourd’hui, la porte est aussi connue pour ce qui se trouve juste devant elle, à l’extérieur du palais : une gigantesque statue en bronze représentant un homme en robe, tenant un livre ouvert et levant un doigt vers le ciel. C’est Grégoire de Nin (Grgur Ninski en croate), une figure majeure de l’histoire médiévale croate. Au Xe siècle, Grégoire était évêque de Nin, une ville voisine. Il s’est battu pour que la messe puisse être célébrée en vieux croate plutôt qu’en latin. Une décision révolutionnaire pour l’époque, qui a renforcé l’identité culturelle et linguistique croate, et permis aux fidèles de mieux comprendre leur foi. La statue a été réalisée en 1929 par Ivan Meštrović, le sculpteur le plus célèbre de Croatie. Elle mesure plus de 8 mètres de haut et dégage une impression de force et de sagesse. Et surtout, regardez bien ses pieds : le gros orteil est tout poli par les caresses des passants. Une légende locale dit que le toucher porte bonheur, surtout si vous faites un vœu. Résultat : des milliers de visiteurs, enfants comme adultes, viennent frotter cet orteil… parfois très sérieusement ! À l’origine, la statue se trouvait plus près du centre-ville, mais elle a été déplacée ici après la Seconde Guerre mondiale, créant une scène assez unique : un évêque médiéval, tourné vers l’entrée d’un palais romain, comme un pont entre deux époques, deux récits, deux visions du pouvoir. Prenez un moment pour admirer les détails : la texture du bronze, l’élan du geste, le regard figé dans la concentration… Et surtout, n’oubliez pas : un petit vœu, un coup d’œil vers le ciel… et un orteil bien frotté. On ne sait jamais !