Église Saint-Laurent

Vous voilà devant l’un des plus anciens monuments de Saint-Étienne : la Grand’Église, comme on l’appelle ici. Officiellement, c’est l’église Saint‑Laurent‑Saint‑Étienne, un nom à double vocation. Saint Étienne, premier martyr chrétien et patron de la ville, et Saint Laurent, célèbre pour son courage… et son supplice. Il aurait été martyrisé à Rome, brûlé vif sur un gril. Cette église a une particularité unique : regardez son côté sud, il semble « tronqué ». C’est parce qu’elle était collée aux anciens remparts médiévaux! Les habitants ont dû attendre 1642 pour voir construire la première chapelle de ce côté, une fois les fortifications démolies. Mais ce qui rend cette église vraiment exceptionnelle, c’est qu’elle a survécu à tout : guerres de religion, pillages, et même la Révolution ! Imaginez qu’en 1795, elle servait de forge pour fabriquer des canons de fusils. Et les traces de cette époque industrielle sont encore visibles sur le tympan au-dessus de l’entrée. Elle a été restaurée cette même année par Pierre-Antoine Dalgabio, l’architecte chargé de l’aménagement de la ville, à qui l’on doit aussi le plan en damier du centre-ville. À l’intérieur, deux tableaux valent le coup d’oeil. D’abord, la « Mise au tombeau » sculptée par Guillaume Fontaine en 1622, et que les Stéphanois appelaient affectueusement  » le tombeau du bon dieu ». Ensuite, le fameux tableau du « Vœu de Ville » : un tableau offert par les habitants en 1629 pour remercier la divine protection… après une terrible épidémie de peste. Cette église a aussi abrité des personnages extraordinaires, comme Guy Colombet, curé de 1664 à 1708, qui dirigeait alors la troisième paroisse la plus peuplée de France ! Il a fondé les premières écoles gratuites de la ville. Ses ossements reposent toujours ici, témoins de cette époque où l’église était au cœur de la vie sociale. Aujourd’hui, la Grand’Église reste le seul témoin de l’art gothique forézien à Saint-Étienne: un véritable voyage dans le temps au cœur de la place Boivin !