Monument à l’abolition de l’esclavage

En contact permanent avec les flots et l’air marin, qui bien sûr ne manquent pas de faire leur œuvre avec le temps, ce monument commémoratif n’est vraiment pas des plus faciles à interpréter.

Mais vous verrez, après quelques regards attentifs, accompagnés d’explications, tout vous paraîtra plus clair. Pour vous mettre doucement sur la voie, sauriez-vous dire ce que les Français commémorent le 10 mai de chaque année ?

S’il ne vous vient aucune idée en tête, sachez qu’en cette date précise se tient la journée des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leur abolition. Il n’y a qu’en France, premier État ayant déclaré ces phénomènes de soumission et d’asservissement, à titre de “crime contre l’humanité”, qu’un jour national a été décrété à ce sujet en 2001.

Et dans cette même soif de devoir de mémoire douloureux, Saint-Nazaire est la première ville de France métropolitaine à avoir élevé un objet d’art rendant hommage aux victimes de l’esclavage. Positionnée à une cinquantaine de mètres de la rive, environ, c’est justement de cette monumentale carcasse dont il est question.

Réalisée en 1989, par le sculpteur réunionnais malgache Jean-Claude Mayo, la structure semble évoquer les membrures d’un ancien vaisseau négrier, au milieu desquelles trois personnages en bronze mettent en scène les étapes de l’abolition de l’esclavage. En bas à droite, vous avez le captif enchaîné.

Sur le pilotis de gauche, vous trouvez le captif qui lutte pour sa libération. Et sur la passerelle blanche en hauteur, vous distinguez le captif, ou plutôt la captive libérée, qui regarde vers l’avenir.

Bien qu’il n’ait jamais eu de traite négrière à Saint-Nazaire, la présence de cette œuvre, ici même, vers l’estuaire, rappelle que le fleuve était autrefois un passage obligé du commerce triangulaire en direction de Nantes, premier port négrier de France entre le XVIIIe et le XIXe siècle.

Chaque année, depuis son inauguration à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, le monument est le théâtre des cérémonies de la commémoration du 10 mai. Une juste façon d’honorer toutes les victimes de l’esclavage dans le monde, aussi bien celles d’hier que celles d’aujourd’hui. Et que par conséquent, nous ne les oublions pas.